Pour la deuxième journée du festival Terre de Blues de Marie-Galante hier 8 juin 2019, il faut d’abord relever par la très forte affluence en soirée à l’habitation Murat. Au programme, Big Daddy Wilson en ouverture, qui fait partie des meilleurs chanteurs de sa génération. Les amateurs de blues auraient sans doute aimé une prestation plus longue tant son concert démontra l’étendue de son répertoire vocal comme stylistique. Il s’entourait en outre d’une formation (guitare, claviers, basse et batterie, tous contribuant aussi de belle façon aux chœurs) composée de musiciens italiens particulièrement efficaces et dans l’esprit.

dig

Le chanteur avait bien sûr choisi d’interpréter plusieurs titres issus de son dernier CD « Deep In My Soul » (Ruf Records), sur lequel il exprime toutes ses influences, du blues moderne ou bien profond à des titres teintés de funk, en passant par la ballade soul. Il n’avait pas manqué le matin en conférence de presse de préciser qu’il se interpréterait plusieurs extraits sur ce superbe dernier album lors de son concert à Murat. Il ouvrira d’ailleurs son show avec deux morceaux tirés dudit album, I Know et Ain’t Got No Money, et le conclura avec un autre, I’m Walking. Manifestement, la personne chargée de présenter les artistes sur la scène n’avait pas assisté à la conférence de presse, pas lu de biographie récente de Wilson ni écouté son dernier CD. Elle se focalisa en effet inexplicablement sur son album « Love Is The key » paru en 2009, alors qu’il en a sorti neuf autres depuis cette date et qu’il en compte quinze au total. On aurait pardonné, mais à l’issue du show, la même personne est revenue sur scène pour ponctuer la prestation d’une phrase qui tue : « Blues from Mississippi. » Pas de chance, Big Daddy Wilson est originaire de Caroline du Nord et n’a jamais vécu dans le Mississippi ! Certes, tout ceci prête plutôt à sourire et ne remet pas en cause l’excellence de l’organisation du festival par ailleurs, et qu’il faut souligner, mais le simple respect des artistes impose de se renseigner au moment de les évoquer en public.

Les deux autres concerts se déroulèrent devant une assistance considérable (il était quasiment impossible de circuler sans faire le tour par le haut du site !), il faut insister à ce propos et s’en féliciter pour toutes celles et ceux qui ont œuvré à la mise sur pied de cette vingtième édition : la présence en nombre et l’enthousiasme du public sont plus que jamais les deux plus belles récompenses pour les organisateurs. Et même si ça semble difficilement possible, on attend encore plus de monde ce soir ! Mais revenons aux deux shows d’hier soir : certes moins rattachés aux musiques qui me sont familières, ils ont manifestement ravi les spectateurs. J’ai moi aussi beaucoup apprécié Akiyo Mizik. Plus qu’un concert, c’est un spectacle artistique et culturel complet qui nous est proposé, presque une pièce avec des actes… Chants, danses, harmonies, incroyable richesse musicale avec toujours la part belle donnée aux percussions (mais dans un registre différent de celui de la veille, moins de Gwo Ka, plus d’instruments), on est emporté comme dans un maelström… Le tout sur fond de message social fort, Akiyo désignant aussi un mouvement culturel fondé en 1979. J’ai en revanche un peu moins accroché au concert de Tarrus Riley, dont la première partie, plutôt décousue car faite d’une suite de morceaux inachevés et autres faux départs, m’a franchement désorienté. Et j’avoue en outre peu goûter aux faux chœurs moulinés au synthétiseur… Mais il faut tempérer cela du fait de ma méconnaissance de cette forme très moderne de reggae, dont je conviens bien volontiers. Et une fois encore, le public a semblé apprécier, ce qui est bien l’essentiel.