Au programme de mon émission sur YouTube, Johnny « Big Moose » Walker (rubrique « Un blues, un jour ») et le Big Three Trio (rubrique « Réédition de la semaine »).
Il est aujourd’hui question de Johnny « Big Moose » Walker, né le 27 juin 1927, il y a tout juste 92 ans. Il se fera surtout connaître comme pianiste et organiste à Chicago à partir des années 1960 avec Elmore James, Junior Wells, Earl Hooker ou encore Muddy Waters, pour lequel il jouera toutefois de la basse. Il collaborera aussi avec Sunnyland Slim, Otis Rush, Otis Spann, Jimmy Dawkins, Mighty Joe Young, Son Seals, et d’autres encore, ce qui fait de lui un des musiciens les plus demandés de son époque à Chicago. De son vrai nom John Mayon Walker, il vient de Stoneville dans le Mississippi, en plein Delta, pas très loin de Greenville. Il devrait son surnom « Big Moose » à son opulente chevelure, mais j’avoue ne pas trop voir le rapport (Walker lui-même non plus, d’ailleurs, d’après ce que je sais !), moosedésignant l’élan ou orignal, le plus grand cervidé actuel, peut-être ses larges bois, mais c’est tiré par les… cheveux !
En tout cas, outre les claviers et après avoir débuté à l’orgue à l’église, il apprend plusieurs instruments dont la guitare, la basse et même le tuba. Actif dès 1947, il apparaît au tournant des années 1940 et 1950 aux côtés d’artistes de renom dont Ike Turner, Lowell Fulson, Sonny Boy Williamson II, avec lesquels il participe à des tournées… En 1955, après trois ans de service militaire, notamment lors de la guerre de Corée, il enregistre un single sous le nom de Moose John puis quelques autres sous différents pseudonymes, mais sans succès notable. D’ailleurs, il va davantage s’imposer comme accompagnateur, même si sa grosse voix traînante, qui complète bien son jeu de piano et d’orgue, lui aurait permis de percer aussi en leader. Installé à Chicago à la fin des années 1950, il prend donc activement part à cette scène, et en 1969, il signe un premier album chez BluesWay avec son ami Earl Hooker, « Rambling Woman ».
Après la mort d’Hooker en 1970, il poursuit ses nombreuses collaborations, grave des faces en 1973 qui seront rassemblées en 1995 sur l’album « The Rising Sun Collection » (Just a Memory), et participe en 1978 au deuxième volume de la fameuse série « Living Chicago Blues » d’Alligator, avec ses propres morceaux et sur ceux de l’harmoniciste Carey Bell. Peu après, à la fin des années 1970, également très actif en Europe, il partage un album avec Lefty Dizz, « Chicago Blues Festival 1979 » (Black and Blue), puis il en réalise deux autres sous son nom, « Going Home Tomorrow » (Isabel, 1980) et « Blue Love » (Red Beans, 1984). Malheureusement, un AVC en fin de décennie met ensuite fin à sa carrière, et il décède le 27 novembre 1999 à 72 ans. Dans mon émission, je vous propose d’écouter un extrait de son album de 1969, sur lequel Johnny « Big Moose » Walker est donc accompagné d’Earl Hooker, avec leur version de The Sky Is Crying.
Ma réédition de la semaine porte sur le Big Three Trio et s’intitule « The Big Three Trio Feat. Willie Dixon – Chicago Harmonisers ». On la doit une fois encore au label Jasmine, qui décidément contribue très activement à la préservation d’un patrimoine musical essentiel. On connaît avant tout le Big Three Trio car il comptait dans ses rangs le contrebassiste, chanteur et compositeur Willie Dixon. Mais il faut y ajouter le pianiste Leonard « Baby Doo » Caston et le guitariste Ollie Crawford, qui avait remplacé Bernardo Dennis après un an de présence, eux-mêmes excellents musiciens et chanteurs. Il faut préciser qu’il leur arrivait aussi d’ajouter un batteur parmi leurs membres. La formation a été créée en 1946, juste après la Seconde Guerre mondiale, et elle est importante car elle sera une charnière entre blues urbain et blues moderne.
En effet, son registre est une sorte de synthèse de jazz, de blues, de jive et de R&B, le tout emmené par un swing permanent et contagieux. Le Big Three Trio, qui aura la chance d’être sous contrat avec Columbia dès 1947, connaîtra de beaux succès jusqu’en 1952, date à laquelle Caston quittera le groupe, qui dès lors se séparera. Il est vrai que Willie Dixon collaborait déjà avec les frères Chess depuis 1948, il s’apprêtait donc à entamer une nouvelle carrière qui l’installera parmi les principaux fondateurs du blues moderne à partir des années 1950. Mais c’est une autre histoire… La réédition Jasmine propose une belle sélection de 28 morceaux du Big Three Trio, qui couvre toute la période d’existence du groupe, soit 1946-1952. Je vous propose dans mon émission de les écouter plutôt au début de leur carrière, avec un morceau qui date de 1947 et s’appelle After Awhile (We Gonna Drink a Little Whiskey).
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