Il est parti comme il aura vécu, un peu sur la pointe des pieds. Le chanteur et guitariste Byther Smith nous a quittés le 9 septembre 2021 à l’âge de 89 ans. Né le 17 avril 1932 à Monticello, au sud du Mississippi non loin de la Louisiane, il ne connaîtra pas ses parents : sa mère décède en le mettant au monde et son père quelques mois plus tard. Élevé par sa tante et son oncle, l’orphelin découvre le monde de la musique en chantant du gospel à l’église, puis dans un groupe de country ! Il s’essaie aussi à la boxe, sans réussite… D’abord contrebassiste, il se met plutôt tardivement à la guitare vers le milieu des années 1950 quand il s’installe à Chicago, notamment auprès de « pointures » comme son cousin J.B. Lenoir, Robert Lockwood, Jr. et Hubert Sumlin. Deux décennies durant, il écume les clubs de la Windy City, joue régulièrement avec l’harmoniciste Junior Wells, tourne avec Big Mama Thornton…
Mais il attend les années 1980 pour se faire connaître au-delà des frontières américaines en signant de superbes albums dont « Hold That Train » (Delmark, 1981), « Tell Me How You Like It » (Grits, 1983) et surtout « Addressing The Nation With The Blues » (JSP, 1989), sans doute un des meilleurs disques de blues de l’époque. En total contraste avec sa personnalité très réservée, toutes les qualités de Smith éclatent sur ces albums comme sur scène : voix vibrante et tendue, jeu de guitare exalté et envoûtant, textes sombres et durs d’une rare puissance d’expression. Sans atteindre la popularité d’Otis Rush, Magic Sam et autre Buddy Guy, Byther Smith restera comme l’un des représentants les plus marquants du West Side Sound de Chicago, auquel il insufflait la profondeur du blues de son Mississippi natal. Aucun de ses disques n’est négligeable, mais parmi ses plus récents, « All Night Long » (Delmark, 1997) et le live « Blues On The Moon: Live At The Natural Rhythm Social Club » (Delmark, 2008) sont vivement recommandés. Mais je ne m’étendrai pas davantage au sujet de ce formidable artiste, et je vous conseille la lecture de l’hommage très complet de Frédéric Adrian sur le site de Soul Bag, que je remercie pour les photos signées Brigitte Charvolin. Et laissons les mots de la fin à Byther Smith avec un extrait de son premier album « Hold That Train », intitulé Come on in this house.
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