Daniel Mathieu. © : KKFèt.

Depuis début décembre, je rediffuse sur ce site les dix épisodes de la série réalisée par Miguel Octave, « La fabuleuse histoire de la musique guadeloupéenne », une production Zycopolis avec France Télévisions. Voici maintenant le septième épisode, intitulé « Passionnés… » Ce volet ne concerne donc pas spécialement des musiciens très connus, mais des portraits de personnages qui ont toute leur importance dans le paysage musical guadeloupéen. Le premier est un luthier, Daniel Mathieu, qui insiste sur la nécessité de concevoir vraiment un instrument pour le musicien, pour l’artiste. Élevé par un père ébéniste, menuisier et charpentier, il a donc toujours été directement au contact du bois, il fabrique instruments de percussions, des guitares électriques et des basses. Pour œuvrer, il part choisir directement son bois en forêt et cherche d’abord la régularité du son. On trouve un bois de qualité en Guadeloupe car il pousse sur un terrain volcanique, et Daniel utilise vingt-deux essences différentes pour ses instruments, dont 90 % sont guadeloupéennes. Enfin, il le fait tremper dans l’eau de mer et évite l’emploi de produits chimiques, notamment à cause des allergies.

© : Facebook.

Quant à Jimmy Bassien, il est responsable de l’école de gwo ka « Lakou Véranda », fondée en 2012, et au sein de laquelle il a enseigné à cent cinquante personnes. Très exalté (et donc passionné !), il insiste pour dire qu’il faut de la joie et de l’amour pour jouer de la musique, et rappelle qu’un instrument ne joue jamais tout seul, ça vient du musicien. Dans son école, il a constaté que les élèves ne connaissaient pas nécessairement le chant gwo ka et favorisaient le style jamaïcain. Il ne souhaite toutefois pas en faire des robots, mais qu’ils sortent de l’école en allant chanter et jouer du gwo ka, partager leur savoir. Dans un style proche mais qui nous ramène plus loin en arrière, l’école Foubap de Fritz Naffer, joueur de gwo ka, qu’il partage avec Pierre Narouman, date en 1978. Pour lui, cette tradition permet aux gens d’être mieux enracinés dans leur environnement guadeloupéen et de prendre confiance. Avant d’ajouter : « Nous avons une richesse extraordinaire mais méconnue, je crois en la transmission. Le gwo ka a une dimension humaine, émotionnelle, historique… »

Fritz Naffer. © : Facebook.

Dans les dernières minutes de cet épisode, les musiciens Stéphane Castry, Éric Delphond et Marxian K. Smith viennent témoigner du travail de Daniel Mathieu, Jimmy Bassien décrit les sept rythmes du gwo ka, et Fritz Naffer évoque l’héritage de Vélo, qu’il définit comme le modèle de la transmission. Un volet qui donne effectivement toute leur place à l’enseignement et au passage des savoirs, et qui complète idéalement les précédents. Comme d’habitude, à voir à cette adresse.