Certes moins connue que son mari, le sublime pianiste Otis Spann, Lucille fut néanmoins une excellente chanteuse à la voix poignante qui parvint à mener une carrière honorable (mais trop courte) après la mort d’Otis en 1970. Elle naît Mahalia Lucille Jenkins le 23 juin 1938 à Bolton, Mississippi, une ville très proche de Jackson où virent également le jour Bo Carter, Sam Chatmon, Walter Vinson et… Charlie Patton ! Après la mort de sa mère alors qu’elle n’a que cinq ans, elle débute en chantant à l’église, et, le blues étant mal vu dans la famille, elle persiste dans le gospel après s’être installée à Chicago en 1952. Elle rencontre ainsi Otis Spann (qu’elle épousera à la fin des années 1960) qui l’engage comme chanteuse et la convertit par la même occasion au blues. Lucille apparaît pour la première fois sur disque en 1966, avec Otis bien sûr mais aussi Luther Johnson, Sammy Lawhorn, Little Sonny Wimberley et S.P. Leary. L’année suivante, on la retrouve avec les mêmes auxquels s’ajoutent George Buford et Muddy Waters. Ces titres sortent en 1968 chez Spivey sur la compilation « The Bluesmen Of The Muddy Waters Chicago Blues Band – Volume 2 ».
Toujours en 1968, le couple enregistre deux chansons, avec notamment Luther Allison à la guitare, qui ne sortiront toutefois qu’en 1996. Le 2 avril 1970, Otis signe chez Universe « Last Call – Live At The Boston Teaparty », trois semaines avant le décès du pianiste, sur lequel sa femme et Luther Johnson assurent le chant. Ensuite, Lucille gravera quelques titres sous nom, travaillera avec Mighty Joe Young, se fera remarquer lors de grands festivals dont Ann Harbor, avant de réaliser en 1974 chez Bluesway son unique mais remarquable album, « Cry Before I Go », avec là encore un accompagnement royal composé de Mighty Joe Young, Eddie Taylor, Detroit Jr, Little Mack Simmons, James Green et Willie « Big Eyes » Smith. Il n’était pas simple de mettre la main sur les enregistrements de la chanteuse, mais heureusement, une fois de plus grâce à Gérard Herzhaft, il est possible d’accéder à leur intégralité, soit vingt-quatre titres comprenant ceux de l’album, ça s’appelle « Lucille Spann – Complete Recordings », ne vous privez surtout pas. Mais Lucille Spann ne poursuivra pas sa carrière dans le blues. Dès 1975, elle repart dans le Mississippi où elle se remet au gospel jusqu’à son décès survenu le 2 août 1994 à Vicksburg, à l’âge de cinquante-six ans. Pour illustrer cela en musique, je vous propose tout simplement l’album de la chanteuse dans son intégralité, « Cry Before I Go ».
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