Sammy Lawhorn, John Primer et Mary Lane au Theresa’s Lounge à Chicago, 11 juillet 1977. © : Jonas Dovydenas / Library of Congress.

Bien qu’elle ait peu enregistré, Mary Lane, aujourd’hui âgée de quatre-vingt-six ans, est une figure du blues de Chicago. Née le 23 novembre 1935 à Clarendon, Arkansas, elle commence à chanter très jeune dans les rues de sa ville natale avec une guitariste du nom de Uncle Al Montgomery. Très précoce, elle se fait vite une réputation locale auprès des musiciens qui travaillent dans les champs et lui demandent de chanter avec eux pour leur donner du courage ! Un peu plus tard, mais encore adolescente, elle se rend un week-end chez une sœur avec un frère qui veut absolument l’emmener dans un club de Marvell, à peu près à mi-chemin entre Clarendon et Helena, et lui faire rencontrer un guitariste qu’elle pourrait selon lui accompagner. Le guitariste en question (qui est aussi chanteur), n’est autre que Robert Nighthawk ! Dès lors, outre Nighthawk, dans une région où le blues est en plein essor, Mary Lane continue de se former aux côtés de musiciens de la stature de Joe Hill Louis, James Cotton, Junior Parker et Howlin’ Wolf, avec lequel elle se produit à West Memphis.

En 2018 lors du tournage du film. © : Jesseca Ynez Simmons / Chicago Reader.

En 1957, Mary Lane pose ses valises à Chicago. À Waukegan en banlieue nord de la Windy City, elle rencontre le chanteur et guitariste Morris Pejoe dont elle devient la compagne de scène comme de vie. Avec lui, sous le pseudonyme de Little Mary, elle grave en 1964 pour Friendly Five Records un single avec Pejoe (sur lequel le nom de son mari est orthographié par erreur Pejae…) et Henry Gray au piano, puis elle se consacre à ses enfants. Après sa séparation avec Pejoe au début des années 1970, elle continue de se produire mais sans rien enregistrer avant… 1997 ! Désormais sexagénaire, elle sort un remarquable premier album, « Appointment With The Blues » (Noir), justement plébiscité par la critique. Bien plus près de nous, en 2019, avec « Travelin’ Woman » (Women Of The Blues), elle démontre à quatre-vingt-trois ans qu’elle a de beaux restes. En 2018, elle avait aussi fait l’objet d’un documentaire de Jesseca Ynez Simmons, I Can Only Be Mary Lane. La chanteuse reste immensément respectée à Chicago, et le 12 juin 2022, lors du Chicago Blues Festival, elle a été honorée et le maire de la ville a décrété que ce 12 juin serait désormais le Mary Lane Day. Un bel hommage… Pour rédiger ce texte, je me suis inspiré d’un article très bien documenté, publié par Bill Dahl le 25 octobre 2019 pour Blues Blast Magazine, dont je vous conseille vivement la lecture. Je vous propose enfin d’écouter la dame avec un extrait de son album, « Appointment With The Blues », My friends always ask me, sur lequel le guitariste Johnny B. Moore et le pianiste Detroit Jr. l’accompagnent.