De nos jours, on ne parle plus très souvent de Moses Rascoe, chanteur et guitariste archétypal du Piedmont Blues de la Côte Est des États-Unis, dont il aurait pu être un représentant notable s’il avait privilégié la musique. Adolescent, il débute à la guitare à l’âge de treize ans dans le country & western, mais il s’intéresse davantage au blues qu’il apprend au gré de rencontres avec des musiciens de passage. Puis il exerce le métier de chauffeur-routier jusqu’en 1983, mais il emmène toujours sa guitare dans son camion pour jouer dès qu’il en trouve l’occasion : dans un article paru dans le numéro 87 de Living Blues (juillet-août 1989), il explique qu’il se contentait d’un dollar ou d’un verre pour se produire. Avec sa belle voix puissante et son jeu de guitare bien ciselé, il n’est pas sans rappeler Brownie McGhee (il s’inspire aussi de Jimmy Reed dont il reprend souvent les chansons), mais son style est plus rustique. Il disait d’ailleurs préférer le country blues car il se considérait trop vieux pour jouer dans une veine plus urbaine.
Retraité en 1983, il se consacre plus sérieusement à la musique, se fait remarquer et participe à des festivals et des tournées. En 1987, il enregistre son seul et unique album pour Flying Fish, « Blues », un enregistrement en public très réussi sur lequel il s’accompagne de l’harmoniciste Ken Werner. Deux ans plus tard, il apparaît le temps d’une longue séquence de dix minutes (avec Thomas Burt, autre bluesman de la région) dans le documentaire Step It Up and Go: Blues in the Carolinas de Susan Massengale, à découvrir à cette adresse. Et si vous souhaitez aller plus loin, voici un lien vers l’intégralité de ce documentaire d’environ une heure, que je vous recommande et dans lequel on voit notamment Etta Baker, Algie Mae Hinton, John Dee Holeman, Cora Phillips, Joe et Odell Thomas… Moses Rascoe nous a quittés le 6 mars 1994 à l’âge de soixante-seize ans.
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