Il fut un des plus grands, un des plus émouvants. Nehemiah Curtis « Skip » James, né le 9 juin 1902 à Bentonia, Mississippi, restera parmi les bluesmen les plus marquants de l’histoire du blues. Un blues qu’il a quelque part réinventé, qui demeure inimitable. Un blues venu de nulle part, chanté d’une voix séraphique, joué d’une guitare qui déchire, tenaille, plus rarement d’un piano qui semble sonner le glas. On appelle ça l’école de Bentonia, une théorie toutefois discutée par certains spécialistes. Mais je veux croire que Bentonia, un village de quelque 300 habitants, a donc donné naissance à un style de blues parmi les plus étranges et les plus aisément identifiables, et qui a toujours ses représentants de nos jours, je pense bien sûr à Jimmy « Duck » Holmes.
En 1931, Skip James grave pour Paramount dix-huit chansons qui s’inscrivent toutes au panthéon du blues. Faute de succès, il disparaît de la circulation. Trente-trois ans plus tard, en 1964, la qualité de son œuvre est reconnue, et il est sans doute avec Son House la « redécouverte » la plus importante du Blues Revival. Les plus grands festivals se l’arrachent, et James impressionne d’autant plus qu’il interprète son blues comme en 1931, dégageant une émotion intacte. On ne saura hélas jamais comment sa carrière aurait évolué (mais aurait-il été nécessaire qu’elle évolue ?), car le 3 octobre 1969, il disparaît des suites d’un cancer, à soixante-sept ans. Il est inutile de faire de longs discours au sujet de Skip James, ses chansons disent tout. En voici une sélection.
– Hard time killin’ floor blues, février 1931 chez Paramount. Pas grand-chose à dire, un des plus beaux blues de l’histoire…
– Cypress grove blues, février 1931 chez Paramount. L’allée des cyprès, qui mène au cimetière.
– Devil got my woman, juillet 1964 chez Vanguard. Juste après sa découverte en 1964 au festival de Newport.
– I’m so glad, janvier 1966 chez Vanguard. Autre classique issu de l’album « Today! », somptueux.
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