© : Ray Avery Photo Archives / National Endowment for the Arts.

Du fait d’un quasi silence discographique à partir du début des années 1950, cette remarquable pianiste et chanteuse de jazz et de blues est aujourd’hui largement négligée au-delà d’un cercle restreint d’amateurs. Née Cleopatra Brown à Oak Grove non loin de De Kalb à l’est de Jackson, la capitale du Mississippi, probablement le 8 décembre 1907 (les années 1903 et 1909 sont également avancées), elle grandit quelques kilomètres au sud, à Meridian, où son père James W. Brown est pasteur. Naturellement, elle débute au chant et au piano à l’église, et se perfectionne sur son instrument quand sa famille se fixe en 1919 à Chicago, où elle commence à se produire dans des spectacles de vaudeville en 1921, à seulement quatorze ans. Progressivement, elle s’impose sur différentes scènes, tent shows, clubs, anime sa propre émission de radio et apparaît dans tout le pays.

© : Discogs.

Sa carrière prend un tournant décisif en 1935 quand elle remplace le célèbre pianiste de jazz Fats Waller dans son émission de radio sur WBAC à New York. Son jeu de piano stride, certes inspiré de Waller mais aussi du ragtime et des grands du boogie-woogie (Pinetop Smith, Jimmy Yancey, Albert Ammons…), est d’une belle richesse, et sa voix sensuelle nimbée d’un grain délicieux convient bien à ses chansons aux textes souvent légers… sur la Prohibition et la drogue ! En 2002, le label Classics a rassemblé ses titres originaux sur la compilation « Cleo Brown 1935-1951 ». Malgré son succès, ses enregistrements pour des labels importants dont Decca puis Capitol et ses nombreuses tournées, elle souhaite se rapprocher de la religion en 1953, ce qui est peu compatible avec ce qu’elle chante.

© : Discogs.

Baptisée la même année, elle quitte la scène musicale et devient infirmière en 1959. À partir de 1973, elle revient à la musique et se produit sous les pseudonymes de C. Patra Brown et Cleo Patra Brown à l’église et à la radio, avec un répertoire bien plus gospel par rapport à ses premières années, mais toujours avec son jeu de piano plein de vie. En 1987, la pianiste de jazz Marian McCartland l’invite dans Piano Jazz, son émission renommée sur National Public Radio dans laquelle elle reçoit tous les grands du jazz. La même année Brown devient la première femme instrumentiste récompensée du National Endowment for the Arts (Jazz Masters Fellowship). En 1988, à quatre-vingts ans, elle sort un album réussi, tiré de l’enregistrement de l’émission avec McCartland, « Living in the Afterglow »(Audiophile). Bien loin d’avoir obtenu une reconnaissance en rapport avec son talent, Cleo Brown nous a quittés le 15 avril 1995, sans doute à quatre-vingt-sept ans.

© : Discogs.

Voici maintenant quelques extraits de sa discographie.
Boogie woogie, 1935.
When Hollywood goes black and tan, 1935.
Mama Don’t Want No Peas An’ Rice An’ Cocoanut Oil, 1935.
The stuff is here and it’s mellow, 1941.
Cook that stuff, 1949.
A great big wonderful God, 1987.

 

© : NPR.

 

© : Discogs.