Blues in France copie

Deuxième émission sur YouTube et inauguration de la rubrique « Blues in France ». Au programme, Robert Lockwood, Jr. et Olivier Gotti.

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Sonny Boy Williamson II et Robert Lockwood, Jr. en action à Helena en 1941 pour l’émission King Biscuit Timesur KFFA. © : Max Moore/ Juke Bluesn° 20, courtesy Stefan Wirz.

Né le 27 mars 1915 à Turkey Scratch (Arkansas), Robert Lockwood, Jr. s’est éteint il y a tout juste 12 ans, le 21 novembre 2006, à l’âge de 91 ans. Malgré son exceptionnelle longévité (sa carrière s’étend sur presque sept décennies !), et le fait qu’il ait côtoyé Robert Johnson, ce bluesman reste relativement méconnu. Ce qui tient de l’injustice car c’était un artiste d’une rare polyvalence, à l’aise dans le Delta Blues le plus profond, dans le Chicago Blues au plus fort de l’âge d’or durant les années 1950, enfin dans un blues subtil et jazzy après avoir adopté la guitare à douze cordes au milieu des années 1960 ! Sur scène, il passait ainsi d’un style à l’autre, seul ou bien entouré d’un groupe, ce qui rendait ses spectacles originaux, variés et captivants. Robert Lockwood, Jr. fut également un pionnier de la radio. En effet, le 21 novembre 1941, avec Sonny Boy Williamson II, il prit part à la toute première diffusion de la célèbre émission King Biscuit Time sur la radio KFFA à Helena (Arkansas). King Biscuit Time, qui fête donc aujourd’hui ses 77 ans (et vous aurez compris qu’il ne s’agit pas d’une pure coïncidence !), est tout simplement la plus ancienne émission quotidienne de radio des États-Unis ! On peut l’écouter sans problème car elle est toujours au programme de KFFA

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© : www.kffa.com

Mais revenons à Lockwood. Après ses premiers enregistrements en juillet de la même année (comme guitariste de Peter Joe « Doctor Clayton » Cleighton pour OKeh puis sous son nom pour Bluebird), il réapparaît dix ans plus tard à Chicago, où il est désormais installé. Il signe alors jusqu’au début des années 1960 des faces comme accompagnateur de Sunnyland Slim, Eddie Boyd, St. Louis Jimmy, Little Walter, Jimmy Rogers, John Brim, Freddy King, Muddy Waters, J. B. Lenoir, Willie Cobbs (celui-ci sous le pseudonyme de Willie C), Roosevelt Sykes, Otis Spann et bien sûr Sonny Boy, ce qui donne une idée de son crédit au sein des meilleures formations de l’âge d’or du blues moderne… Mais sous son nom, il grave seulement quatre faces en novembre 1951 pour Mercury puis quatre autres en 1954 (sous le pseudonyme de Robert Jr.) pour J.O.B. À partir des années 1970, mieux reconnu, il réalisera une bonne douzaine d’albums, tous réussis, alternant le blues rural, notamment avec son ami Johnny Shines (un autre ancien compagnon de Robert Johnson), et une musique dans une veine plus moderne et jazzy. Entre autres honneurs, Lockwood entrera au Blues Hall of Fame en 1989 et recevra en 1995 à la Maison Blanche la National Heritage Fellowship du National Endowment for the Arts, la plus haute distinction dans le domaine des arts et des traditions populaires. J’ai choisi pour mon émission une reprise du Sweet Home Chicago de Robert Johnson enregistrée en 2006, qui démontre que Lockwood, alors nonagénaire, avait de très beaux restes…

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En deuxième partie d’émission et pour inaugurer la rubrique « Blues in France » qui reviendra donc chaque mercredi, j’ai choisi Olivier Gotti, un jeune chanteur et guitariste qui écume nos scènes depuis quelques années. Il a obtenu de belles récompenses, parvenant par exemple en demi-finale de l’International Blues Challenge de Memphis en 2013, et signé à ce jour deux albums, « Little Boy Child », et « A Way To Win », qui vient de sortir. Tout récemment, le 6 novembre dernier, il a fait la première partie de Buddy Guy, à la salle Pleyel s’il vous plaît, pour un set qui a visiblement plu à Jacques Périn, auteur sur le site de la revue Soul Bag d’un compte-rendu très positif de la soirée. Olivier Gotti fait preuve d’une certaine originalité car il s’exprime seul et joue de la guitare en lap-steel, c’est-à-dire en posant la guitare à plat sur les cuisses et en faisant glisser une barrette en acier sur les cordes. De cette manière, on obtient des sons en glissando souvent assez proches de la guitare slide, et cela rappelle aussi la technique ancestrale des guitaristes hawaiiens. En tout cas il y a quelque chose de troublant dans cette façon de jouer, et j’ai choisi de l’illustrer avec Every Man A King, un extrait en public de son dernier album, car cela met bien en valeur le talent de l’artiste et le climat lancinant qu’il installe. C’est tiré d’un enregistrement public de l’émission le Blues Café Live à L’Isle-d’Abeau (Isère), animée par Francis Rateau et Cédric Vernet, et filmée par l’équipe de Ti and Bo – Turning Image and Blues Organisation, des gens très bien qui contribuent grandement au développement du blues en France ! Enfin, si vous souhaitez en savoir plus sur Olivier Gotti, son actualité, ses dates de tournée, ou pour le programmer, rendez-vous à cette adresse.