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Une interview avec Harrison Kennedy, auteur du remarquable album « Thanks for Tomorrow » (Electro-Fi), même à distance en vidéoconférence, est ponctuée de moments chaleureux. Il est ainsi rare qu’un artiste vous accueille en levant un verre de vin rouge (français, bien sûr !) à votre santé, et durant l’entretien, il n’hésite pas à chanter ou à sortir son harmonica pour appuyer son propos. Une attitude que l’on retrouve quand il se produit sur scène. C’est ainsi, Harrison dégage une sensation quasi permanente de sérénité et de sagesse, et ses albums depuis une vingtaine d’années (il s’est vraiment mis au blues depuis le début des années 2000), tous de belle qualité, en témoignent. Ses talents de multi-instrumentiste (harmonica, guitare, banjo…), et surtout sa superbe voix soul blues en font un de ces bluesmen qui ne déçoivent jamais. Et, alors qu’il vient de franchir le cap des quatre-vingts ans, il démontre des qualités artistiques intactes avec un dernier opus qui prend donc place par les meilleurs de cette année 2022. Pour notre plus grand bonheur.

© : Marta Hewson / harrisonkennedy.ca

Nous vous proposons maintenant deux extraits de cet album et le texte de ma chronique parue dans le numéro 248 de Soul Bag.
Doomed.
Memphis trippin’.

HARRISON KENNEDY
THANKS FOR TOMORROW
BLUES
Harrison Kennedy est vraiment bluffant. À 80 ans, il parvient à nous sortir son meilleur album ! Il y a d’abord cette voix, aux accents intacts à un âge où bien des vocalistes s’essoufflent. Un chant qui s’adapte à tous les tempos, à tous les styles, et ce avec un naturel désarmant. Dès la chanson d’ouverture, All you need is you, le duo avec Ruthie Foster fonctionne à plein régime. Puis tout s’enchaîne comme quasiment dans un (beau) rêve. L’ambiance change sans cesse, les arrangements sont à la fois simples et d’une souplesse vertigineuse, faisant appel à la country (Easiest thing I do, Women), voire au country rock sur Doomed, habité et non sans rappeler l’urgence d’un Otis Taylor, au shuffle amusant (Checkin’ you out, faisons une révision, mais aussi Cranky woman, sur une femme pas facile à vivre), à la ballade (Crazy love), au blues lent (Memphis trippin’ au climat poisseux), aux classiques intemporels (You lost me et ses beaux airs de Help me et Green onions), et même au bon vieux rock ‘n’ roll (Just wanna play). Je veux juste jouer, on pourrait dire je veux juste chanter… Parfaitement accompagné (Ruthie Foster au chant, mais aussi Jessie O’Brien aux claviers, Colin Linden et Chris Cadell aux guitares, John Dymond à la basse et Gary Craig aux fûts), Harrison Kennedy signe là un album de très haut niveau dont on devrait reparler au moment des bilans 2022. Nous tenons là un artiste dont le talent dépasse largement sa collaboration au sein des Chairmen of the Board dans les années 1960. Un chanteur exceptionnel, d’une rare polyvalence et surtout d’une humilité désarmante, qui mériterait une bien meilleure reconnaissance. Si cet album n’y contribue pas, c’est à désespérer…
© : Daniel Léon / Soul Bag.

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