© : Susan Greenberg / Delmark Records.

Ce chanteur-harmoniciste de Chicago fit ses débuts discographiques auprès de Bo Diddley au milieu des années 1950, mais il connaîtra une longue éclipse discographique avant de réapparaître au tournant des années 1970 et 1980. Lester Davenport voit le jour le 16 mars 1932 à Tchula, une localité du Delta d’où viennent d’autres bluesmen comme Woodrow Adams, mais aussi Jimmy Dawkins et Little Smokey Smothers qui enregistreront avec Davenport. Avant cela, il grandit avec un père guitariste, et même si les éléments biographiques manquent, il apprend sans doute très jeune l’harmonica, qui deviendra son instrument de prédilection, ainsi que la guitare, la basse et la batterie.

Davenport et Little Willie Anderson. © : Austin Weekly News.

Lors de son arrivée à Chicago en 1946, il est d’abord influencé par Little Walter et Snooky Pryor, mais il se produit avec Arthur « Big Boy » Spires et surtout Homesick James qui lui sert de guide dans la Windy City où il joue sur Maxwell Street. Selon certaines sources, il aurait remplacé le temps d’un concert Earl Phillips, le batteur de Howlin’ Wolf. En revanche, en 1955, il joue bien de l’harmonica sur quatre chansons de Bo Diddley enregistrées pour le label Checker des frères Chess, dont Pretty thing. Malgré cela, et bien que ses talents de multi-instrumentiste lui permettent de trouver des engagements dans les clubs du West Side, il exerce aussi le métier de peintre industriel. Au final, jusqu’à la fin des années 1970, il ne grave pas la moindre face.

Big Smokey Smothers, Davenport et Little Smokey Smothers, B.L.U.E.S., Chicago, 1982. © : Pinterest.

Il ressurgit toutefois sur disque le 1er août 1979 sur la compilation « American Blues Legends 79 » chez Big Bear, avec deux morceaux sur lesquels il tient la basse, les autres musiciens étant Good Rockin’ Charles (voc, hca) Little Smokey Smothers et Eddie C. Campbell (g) et Chico Chism (dm), et deux autres sous son nom. Deux ans plus tard, le 8 août 1981, il signe cette fois à l’harmonica chez Red Lightnin’ l’instrumental Lester’s cometsur l’anthologie « It’s Great to Be Rich » qu’il partage avec Billy Boy Arnold, Tony McPhee, Good Rockin’ Charles, Bo Diddley et Big John Trice. Parallèlement, il travaille pendant sept ans avec le Kinsey Report de Big Daddy Kinsey. Enfin, en 1991, grâce au label Earwig, il réalise un premier album très réussi sous son nom, « When the Blues Hit You », dans une formation qui inclut John Primer, Sunnyland Slim et Bob Stroger.

Davenport et Frank Frost. © : David Horvitz / Bob Corritore.

Sa venue en Europe pour la tournée de l’American Livin’ Blues Festival (Paris Album) en 1982 et sa contribution à la superbe compilation « Acoustic Blue Chicago » (Johnny B. Moore, Willie Kent, Bonnie Lee…) lui valent une popularité méritée. En 2001, Davenport sort un deuxième album, « I Smell a Rat » (Delmark), encore avec de grand artistes, Jimmy Dawkins, Billy Flynn, Detroit Junior et Bob Stroger. Sans être désagréable, sa voix un peu affectée n’avait pas la singularité de son jeu d’harmonica très personnel et souvent mélodieux, qui en fait un des bons stylistes de son époque. Et sa capacité de s’accompagner de musiciens de haut niveau donnait beaucoup de relief à la musique de ce bluesman qui mérite d’être réestimé. Lester « Mad Dog » Davenport nous a quittés des suites d’un cancer de la prostate, le 17 mars 2009 à soixante-dix-sept ans.

© : Discogs.

Voici maintenant une sélection de chansons en écoute.
Pretty thing en 1955 par Bo Diddley avec Davenport à l’harmonica.
I wish I had somebody en 1979 par Good Rockin’ Charles avec Davenport à la basse.
I’m tryin’ en 1979 par Lester « Mad Dog » Davenport.
Lester’s comet en 1981 par Lester « Mad Dog » Davenport.
Be careful baby en 1982 par Lester « Mad Dog » Davenport.
King of the jungle en 1991 par Lester « Mad Dog » Davenport.
My mama rocks me en 2001 par Lester « Mad Dog » Davenport.

 

En 1979. © : Lionel de Coster / Wikipedia.