© : Rock & Blues Muse.

La Blues Foundation vient d’annoncer la liste des nouveaux entrants pour 2023 au Blues Hall of Fame, et force est de constater que cela concerne réellement des artistes et des œuvres de prestige qui rendent un très bel hommage au blues. Mais voyons cela de plus près avec de nombreux extraits en écoute.

Esther Phillips. © : SoundCloud.

– Esther Phillips (1935-1984). Aux frontières du blues, de la soul, du R&B, cette superbe chanteuse est découverte en 1949 par Johnny Otis et réalise l’année suivante (à quinze ans) la chanson Double crossing blues qui atteint la première place des charts R&B de Billboard ! D’autres succès suivront mais son penchant pour la drogue finira par l’emporter à seulement quarante-huit ans. À écouter : You’re coming home le 27 septembre 1975, avec à la guitare… Sacha Distel !

John Primer. © : Chicago Blues Guide.

– John Primer, né le 5 mars 1945. Ne perdons pas de temps à présenter ce chanteur et guitariste de Chicago, bien connu et formé aux « écoles » de Muddy Waters et Magic Slim, et qui sous son nom est à la tête d’une discographie exemplaire. À écouter : Leaning tree en 2018 avec Steve Bell à l’harmonica.
– Carey Bell (1936-2007). Père de Steve que nous citons ci-dessus, le chanteur et harmoniciste (occasionnellement bassiste en début de carrière) Carey Bell aura marqué le Chicago blues durant quatre décennies. À écouter : A man and the blues en 1981 avec Carey Bell accompagné d’un groupe irréel composé de son fils Lurrie (voc, g), Hubert Sumlin (g), Bob Stroger (b) et Odie Payne (dm) !

Junior Kimbrough. © : Discogs.

– Junior Kimbrough (1930-1998). Avec R.L. Burnside, il incarna, avec les membres de sa nombreuse famille, sans doute mieux que personne le Hill Country Blues incantatoire du nord du Mississippi. À écouter : Work me baby en 1995.
– Snooky Pryor (1919-2006). Pionnier de l’amplification électrique à l’harmonica dont il revendiquait la paternité avant Little Walter, ce qui nous ramène à 1948, Snooky, également excellent chanteur, a mené une brillante carrière qui s’étend sur plus de six décennies. À écouter : Rollin’ and tumblin’ en 1991.

Fenton Robinson. © : Alligator Records.

– Fenton Robinson (1935-1997). Il figure assurément parmi les plus beaux stylistes du blues moderne à la guitare, qui, associée à sa voix prenante, génère une musique hautement personnelle, habitée et bouleversante. À écouter : l’inoubliable Somebody loan me a dime en 1984.
– Josh White (1914-1969). Chanteur et guitariste habituellement associé au blues de la Côte Est (ou Piedmont Blues) mais au large répertoire, White fut surtout un des premiers bluesmen à interpréter des chansons politiquement engagées en faveur des droits civiques. À écouter : Jesus gonna make up my dying bed en 1933, qui démontre que le gospel ne lui était pas étranger…

David Evans. © : International Delta Blues Project.

– David Evans, né le 22 janvier 1944. Ethnomusicologue, historien, professeur d’université, ancien directeur du programme d’études ethnologiques de l’université de Memphis découvreur de talents, musicien (entre autres !), David vient de publier un remarquable ouvrage avec Marina Bokelman, Going Up the Country – Adventures in Blues Fieldwork in the 1960s (University Press of Mississippi), dont j’ai rédigé la chronique dans le numéro 250 de Soul Bag actuellement en vente. À écouter : Bring the boys back home en 2007, contre la guerre en Irak.
À cela s’ajoutent le livre The Original Blues: The Emergence of the Blues in African American Vaudeville 1899-1926 par Lynn Abbott & Doug Seroff (University Press of Mississippi, 2017), l’album « Little Walter – The Complete Classic Chess Masters – 1950-1967 » (Hip-O Select, 2009), et les singles Black nights par Lowell Fulson (Kent, 1965), I’m tore down par Freddy (sic) King (Federal, 1961), My black mama par Son House (Paramount, 1930), Mojo hand par Lightnin’ Hopkins (Fire, 1960) et The red rooster par Howlin’ Wolf (Chess, 1961). La cérémonie d’intronisation se déroulera le 10 mai 2023 à Memphis, et les détails sont disponibles sur le site de la Blues Foundation.

 

© : Discogs.