© : Le Devoir.

Suite de notre série d’articles hebdomadaires jusqu’à l’ouverture du festival Terre de Blues (26 au 29 mai 2023). Aujourd’hui, arrêtons-nous sur le chanteur sénégalais Youssou N’Dour, sans doute l’artiste le plus connu de cette édition. Bien qu’il n’ait que soixante-trois ans, son parcours, qui passe également par la politique, les médias et les engagements humanitaires, est franchement impressionnant. Né Youssou Madjiguène N’Dour le 1er octobre 1959, il débute le chant dès l’enfance, se produit sur scène à partir de douze ans puis apparaît au sein du groupe The Star Band, alors très populaire. En 1979, il crée sa propre formation, l’Étoile de Dakar, qui devient deux ans plus tard la Super Étoile de Dakar. Jusqu’en 1989, il enregistre à un rythme effréné et sort dix-neuf albums sur de petits labels ou autoproduits, mais la Super Étoile est dès lors considérée comme le meilleur groupe d’Afrique.

Avec Peter Gabriel en 1987. © : Harari Guido / Real World Records.

Parallèlement, dès le milieu des années 1980, sa musique, une afro pop très moderne à base de percussions comme le tama et le sabar, influence des figures d’autres genres dont Paul Simon et Peter Gabriel, qui l’invite en 1986 sur son album « So » puis l’emmène avec son groupe pour une tournée mondiale. N’Dour conviera aussi Gabriel sur ses enregistrements. Deux ans plus tard, N’Dour participe à une tournée d’Amnesty International pour les quarante ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme, avec, outre Gabriel, Bruce Springsteen, Sting et Tracy Chapman ! Déjà engagé (il avait organisé en 1985 un concert pour la libération de Nelson Mandela), il ne cessera de s’impliquer dans le domaine, et sera nommé ambassadeur de bonne volonté pour l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture et pour l’UNICEF. Enfin, il lancera en 2000 la fondation Youssou N’Dour, qui agit en faveur du développement durable et du droit des enfants, et de la lutte contre le paludisme.

© : Discogs.

Dans les années 1990, N’Dour est l’artiste africain le plus connu dans le monde, il signe l’hymne de coupe du monde de football en France (1998) et continue d’enchaîner les albums. Fort de son succès, il invite des musiciens prestigieux, en particulier sur son plus célèbre album « The Guide (Wommat » (1994), auquel participent la chanteuse Neneh Cherry et le saxophoniste Branford Marsalis (que j’avais interviewé dans le numéro 242 de Soul Bag). Décidément insatiable, il fonde en 2003 son groupe de presse Futurs Médias, qui comprend le quotidien L’Observateur, le plus lu du Sénégal, une radio, une chaîne de télévision… Élu artiste africain du siècle en 1999, il obtient en 2005 un Grammy Award pour son album « Egypt ». Il fait ensuite une pause politique, le temps de devenir ministre de la Culture et du Tourisme (2012) puis du Tourisme et des Loisirs (2012-2013) de son pays. Et ce n’est là qu’un bref aperçu du riche parcours de Youssou N’Dour, dont la voix puissante et enchanteresse devrait retourner le public de Terre de Blues.

En 2022. The Guardian Nigeria News.

À écouter
Concert intégral « Le Grand Bal », à Bercy en 2008.
À voir
Bande-annonce de Retour à Gorée, documentaire de Pierre-Yves Borgeaud dans lequel N’Dour joue son propre rôle.