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Il n’est pas question de vous leurrer, cet album du chanteur-accordéoniste de zydeco Corey Ledet n’est pas totalement nouveau car il est sorti le 25 août 2023. Mais une nouveauté peut en cacher une autre… Tout d’abord, il est sorti sur le label Nouveau Electric Records, ce qui, vous en conviendrez, ne s’invente pas. Ensuite, il s’appelle « Médikamen », ce qui ne vous dira peut-être rien. Pourtant, derrière ce mot qui signifie bien sûr « médicament » se cache une nouveauté essentielle chez cet artiste. Il s’agit en effet de son premier album enregistré en Kouri-Vini, une forme de créole louisianais d’origine ouest-africaine parlé aussi bien par les métis, les Noirs, les Blancs et les Amérindiens suite à l’esclavage. Il diffère donc du créole francophone pratiqué en Louisiane et influencé par les populations de l’Acadie, venues au XVIIIe siècle de territoires qui forment aujourd’hui l’est du Canada (dont le Québec) et l’extrême nord-est des États-Unis, et que l’on appelle les Cadiens, Cajun en anglais.

Le 26 avril 2013 au Jazz Fest à La Nouvelle-Orléans. © : Skip Bolen / WireImage / Getty Images.

Malgré son nom qui « sonne » français, Corey Ledet est né à Houston au Texas, mais il passe ses vacances en famille en Louisiane à Parks, à un jet de pierre de Lafayette, où il finit par s’installer. En cela, son parcours n’est pas sans rappeler celui de Cedric Watson, aux origines similaires et dont nous avons récemment parlé dans un article du 2 août 2023, et qui cherche à préserver les traditions créoles et cadiennes francophones. Corey fut élevé à bonne école car son grand-père Buchanan accompagna à la batterie les maîtres du zydeco Clifton Chenier et Rockin’ Dopsie, sans compter des cousins qui apparurent auprès des bluesmen B.B. King et Bobby « Blue » Bland. Après une discographie débutée il y a une vingtaine d’années, Corey Ledet signe donc un album hautement personnel. Doit-on voir dans son « Médikamen » une forme de catharsis ? Ou bien une expression vernaculaire ? En tout cas, les Guadeloupéen(ne)s qui me lisent y verront sans doute un rapprochement avec la plus célèbre chanson de Kassav’, Zouk la sé sèl medikaman nou ni (« Le zouk est notre seul médicament »). On pourrait dire la même chose du blues. Mais la musique est plus qu’un médicament, c’est une raison de vivre. Voici maintenant deux extraits de l’album « Médikamen » de Corey Ledet, Lavals a Séléstinn (La valse à Célestine) et Alon kouri laba (Allons courir là-bas).

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