Nous avons évoqué ici à plusieurs reprises la maison du Blues, en particulier dans un article du 30 avril 2023, à la veille de l’inauguration de son nouveau musée après d’importants travaux en vue d’un agrandissement. Sur leur site à Châtres-sur-Cher (Loir-et-Cher), outre le Musée européen du Blues qui sert aussi de siège au Blues Hall of Fame français, Jacques Garcia et son épouse Anne-Marie organisent également des concerts et des rencontres dans le cadre d’un café associatif. Mais ces passionnés s’impliquent en fait dans le domaine du blues (sans négliger l’histoire autour de cette musique, comme en attestent les collections du musée) depuis une quarantaine d’années. Et l’excellente nouvelle est donc tombée avant-hier 22 novembre 2023 : Jacques et Anne-Marie Garcia recevront un Keeping the Blues Alive Award (KBAA) pour la maison du Blues, qui leur sera remis en janvier 2024 à Memphis par la Blues Foundation ! Rappelons que les KBAA, créés en 1981, ne récompensent pas des musiciens mais d’autres professionnels dont des auteurs, des journalistes, des photographes, des enseignants, des historiens, des institutionnels, des organisateurs de festivals, des gérants de clubs, des agents, des tourneurs… Ils seront remis dans le cadre de l’International Blues Challenge (IBC) qui se tiendra du 16 au 20 janvier 2024. Comme promis, j’ai appelé aujourd’hui Jacques pour qu’il me parle de cette consécration bien méritée.
Comment obtient-on un KBAA ?
On a déposé un dossier, qui était soutenu par France Blues et par Debbie Bond [chanteuse-guitariste active dans l’Alabama] aux États-Unis, avec une dizaine de lettres de recommandation, en priorité écrites par d’anciens récipiendaires en France, comme Gérard Herzhaft, Jacques Périn, Didier Tricard, mais il y avait aussi Bobby Rush… Notre dossier date d’avant la Covid, il n’est pas passé la première année. Ensuite, ça n’a pas eu lieu, et l’année suivante ils n’ont pas pris d’Européens car ils craignaient que l’on ne puisse pas se déplacer. Du coup on a relancé le dossier cette année, et on l’a eu, voilà ! C’est la Blues Foundation qui nous a prévenus, bien sûr avant tout le monde. L’IBC aura lieu du 16 au 20 janvier, mais pour nous, ce sera le 19.
Évidemment, tu vas y aller, et avec Anne-Marie… Qu’est-ce que ça représente pour vous ?
Ah ça, quand même, on va s’y rendre [rires] ! Sinon, on est bien sûr assez fiers d’avoir ça, car si tu veux, cela fait quand même quarante ans, trente-six pour Anne-Marie, que l’on œuvre pour le blues, avec la création du festival de Salaise, une société de production [Rhésus Blues Productions], un label [Broadway Records], le premier club à Ampuis [Rhône], et bien sûr la maison du Blues puis le musée, qui a sans doute été décisif dans l’attribution. Alors oui, on est contents d’avoir ça, après tout les récipiendaires européens de cette récompense ne sont pas si nombreux.
Le trophée va trouver une belle place à la maison du Blues, tu as déjà choisi ?
Certes, mais non, on n’y a pas encore pensé… En fait, on organisera certainement une petite réception à notre retour. Car on n’est pas seuls dans cette affaire, il y a des équipes de bénévoles, tous ceux qui nous ont donné des coups de main pour les travaux du musée, pour la peinture. On obtient ça grâce à beaucoup de gens…
Et côté musée, qu’en est-il ?
Depuis l’agrandissement, on a beaucoup communiqué et ça a vraiment payé, on a eu plein de monde cet été, des gens venus de la France entière, on n’avait jamais fait autant d’entrées au musée. On a reçu aussi beaucoup de groupes, des personnes qui venaient passer la journée, qui déjeunaient avant de visiter le musée, ou qui choisissaient la formule repas-concert. Le musée plaît vraiment à tout le monde, y compris la scénographie, personne ne repart mécontent, et du coup, les gens en parlent entre eux. On est également contents car on a aussi des visiteurs qui ne connaissent rien au blues, ils viennent là pour découvrir, y compris tout l’aspect autour de l’esclavage, des droits civiques… Cette histoire est importante, le blues est quand même né de la ségrégation. Donc nous sommes vraiment satisfaits, ça décolle, et on pense que cette récompense nous permettra de communiquer encore plus, pour mettre en valeur ce que l’on fait. Autre aspect intéressant, ça va sans doute aider à la reconnaissance du musée, car tous les musiciens américains qui ont joué au club se sont étonnés de trouvé ça ici. Par exemple, Toronzo Cannon a appelé les responsables de la Blues Foundation pour leur dire que c’est incroyable, qu’il fallait nous soutenir. En plus, avec Anne-Marie, on a visité pas mal de musées aux États-Unis, et peu d’entre eux parlent de l’histoire, ils présentent surtout des pièces. Mais il nous reste tout le réseau européen à conquérir, on a très peu de visiteurs européens et les amateurs de blues ne manquent pas !
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