© : Killer Blues Headstone Project.

Moins connu que son jeune frère Calvin (mon article du 6 juin 2019), le chanteur-guitariste Hosea Leavy aura toutefois mené une carrière notable en Californie, ce qui se traduira par quelques enregistrements tardifs dans les années 1990 et 2000 et des apparitions en Europe. Hosea voit le jour à Altheimer, une petite ville de l’Arkansas d’où vient aussi Tail Dragger (récemment disparu, mon article du 7 septembre 2023). Issu d’une fratrie de quinze enfants, il apprend le chant à l’église et la guitare avec son père Johnny qui se produit un peu localement en jouant du blues. Rapidement, Hosea le suit puis l’imite avec sa propre formation lors de soirées et pour distraire les employés de chantiers dans la région. Mobilisé en 1950, il prend part à la guerre de Corée, et durant son service, il se met à la basse dans les centres de l’USO (United Service Organizations), qui offre soutien et divertissement aux troupes.

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À son retour à la vie civile en 1954, il fonde cette fois un groupe qui comprend notamment son frère Calvin, alors seulement âgé de quatorze ans, mais déjà compétent au chant, à la guitare, à la basse et au piano. Sous le nom de Leavy Brothers, ils tournent activement dans tout l’État mais aussi en Californie, et finissent par s’installer à Fresno dans les années 1960. Mais ils reviennent dans leur État natal en 1967, à Little Rock. Cette même année, ils entrent pour la première fois en studio, mais leur single inaugural chez Acquarian (Nothing but your love / I won’t be the last to cry) est bien l’œuvre de Calvin, ou plus exactement selon le libellé du disque, de Calvin « Slim »Leavy with Hosea Leavy’s Combo. Hosea se « contente » d’ailleurs de jouer de la basse…L’année suivante, ils gravent quatre nouvelles faces, dont la chanson en deux parties Cummins prison farm, sur un pénitencier situé une centaine de kilomètres au sud-est de Little Rock où est détenu un de leurs frères, obtient un grand succès. En 1969, Hosea Leavy, qui chante et joue de la guitare dans son propre groupe, est également l’auteur d’un single chez Riceland, Oo-wee baby / When I was a little boy.

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Jusqu’en 1977, les deux frères continuent d’enregistrer (sous le nom de Calvin avec Hosea à la basse) et surtout de tourner ensemble. Ils se séparent cette année-là et Hosea repart pour Fresno en Californie où il forme un nouveau groupe. Parallèlement, Calvin va (très) mal tourner : tentative de corruption de policier et trafic de drogue en bande organisée lui vaudront des condamnations à vingt-cinq ans (1992) puis soixante-quinze ans de prison (en 2004), peines qu’il purge, ironie du sort, au pénitencier de Cummins, où il décédera d’ailleurs en 2010… De son côté, Hosea attend 1993 pour sortir sous son nom une K7, « Greasy Greens », puis un album pour Fedora, « You Gotta Move » (1998), suivi d’un autre pour le même label qu’il partage avec Harmonica Slim, « Cold Tacos and Warm Beer » (2000), auquel participe aussi Frank Goldwasser. À peu près à la même époque, nous aurons ainsi l’occasion de découvrir en France (avec d’autres artistes Fedora dont J.J. Malone et Fillmore Slim) ce bluesman habité à la voix rauque à la limite de la rupture et au jeu de guitare que je qualifierai de rustique mais très expressif… Hosea Leavy nous a quittés le 12 août 2008 à quatre-vingts ans, emporté par un cancer du foie.

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Voici maintenant quelques chansons en écoute.
Nothing but your love et It hurts me too en 1967 et 1973, par Calvin Leavy avec Hosea à la basse.
Oo-wee baby en 1969.
Goin’ back to the country en 1993.
Concert complet à Écaussinnes en 1995.
Born in Missouri en 1998.
Cummins prison farm en 2000 (avec Harmonica Slim).

© : Sentir el Blues.