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Passons au numéro 3 des dix disques qui ont selon moi marqué cette année 2023. À ce propos, je précise qu’il ne s’agit pas d’un classement mais bien d’une liste… En revanche, une fois cette liste achevée, soit en janvier 2024, je ferai un bilan et je vous proposerai ces disques dans l’ordre de mes préférences. Mais parlons aujourd’hui de Furry Lewis, un chanteur-guitariste de tout premier ordre, en particulier à la slide, pionnier du blues dont la musique puisait dans différentes traditions allant du string band au jug band en passant par le folklore des spectacles itinérants. Également acteur essentiel du premier blues de Memphis, un style dans lequel il enregistra des faces absolument magnifiques entre 1927 et 1929, Lewis faisait aussi la différence avec sa guitare et sa voix qui semblaient ne faire qu’une, ce qui rendait ses interprétations très personnelles.

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Né à Greenwood, Mississippi, le 6 mars 1899 (mais d’autres années entre 1893 et 1898 sont également citées), il grandit à Memphis à partir de sept ans, et peu après, il chante et joue dans les rues et lors de soirées. En 1916, en essayant de sauter dans un train en marche, il est grièvement blessé et amputé d’une jambe, et n’a dès lors plus que la musique pour survivre. Malgré la qualité de ses enregistrements cités plus haut, il subit alors comme bien d’autres bluesmen la Grande Dépression qui frappe les États-Unis. En 1959, trente ans après son dernier passage en studio, Lewis est redécouvert par Sam et Ann Charters, pour lesquels il réalise des enregistrements parmi les premiers du Blues Revival. Ses capacités intactes (bien que réduit au silence sur disque, il n’a jamais cessé de se produire localement), sa verve, sa sincérité et son sens de l’humour lui vaudront dès lors de nombreux engagements jusqu’à sa disparition en 1981. Parmi ceux-ci, un album en public sorti en août 1971 dans un club de New York, « Live At The Gaslight At The Au Go Go », donne une parfaite idée de l’ambiance que le bluesman installait sur scène. À l’origine sorti par Ampex, ce disque n’avait jamais été réédité en cinquante-deux ans ! Aberration réparée par le label Liberation Hall, qui l’a réédité (en supprimant quelques interventions parlées, mais sans conséquence), et c’est donc le numéro 3 de mes disques de l’année 2023… Terminons avec trois extraits, My dog got the measles,Brownsville et Turn your money green.

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