Dans la seconde moitié des années 1960, il a gravé quelques singles de soul blues, de vraies perles, à une époque où ce style était en gestation. En 1978, il a sorti « Spider in My Stew », un des meilleurs albums de blues des années 1970. Il a son entrée dans L’encyclopédie du blues de Gérard Herzhaft, a fait l’objet d’un article dans le numéro 117 de Living Blues (1994), et la presse spécialisée a salué sa mémoire au moment de son décès en 1996 : Blues & Rhythm n° 107, Soul Bag n° 142, Living Blues n° 126… Parmi ses influences, les noms de Sam Cooke et B.B. King reviennent souvent. En réécoutant son œuvre à l’heure de rédiger cet article, il me rappelle irrésistiblement un autre immense artiste qui évolua dans un registre proche mais avec une meilleure notoriété, Little Milton. Mais inexplicablement, on ne parle plus beaucoup de Buster Benton de nos jours… Pire, dans la biographie qui lui est consacrée, Wikipedia a mis une photo de… Byther Smith !
Il naît Arley Benton le 19 juillet 1932 près de Texarkana, une ville au sud-est de l’Arkansas à la frontière du Texas. Après avoir débuté en chantant à l’église, il apprend la guitare au lendemain de la Seconde Guerre mondiale alors qu’il réside à Toledo dans l’Ohio, où il commence à se produire au milieu des années 1950. Puis il s’installe en 1959 à Chicago et monte son propre groupe. Sa première apparition sur disque date de juillet 1965 chez 4 Brothers, sur un single du chanteur G.L. Crockett, avec la chanson It’s a man down there qui se hisse à la treizième place des charts R&B ! L’année suivante (sans plus de précision), il grave chez Melloway ses deux premières faces sous le nom de Buster Benton, That’s the reason et Hole in my head, puis deux autres chez Twinight. Enfin, il sort un troisième single en 1968, cette fois chez Alteen.
Ces six faces qui annoncent le soul blues sont magnifiques et mettent bien en avant sa voix poignante et son jeu de guitare mélodieux, mais elles sont réalisées pour des labels sans moyens (on ne connaît pas les noms des musiciens qui participent aux sessions), ce qui oblige même Benton à travailler par ailleurs, comme mécanicien auto. Heureusement, il est remarqué en 1970 par le grand « gourou » du blues de Chicago, entendez Willie Dixon, qui lui écrit la chanson Spider in my stew, enregistrée la même année et qui deviendra un classique. Le morceau en face B, Dangerous woman, est tout aussi excellent et démontre que Benton est parfaitement à l’aise dans un blues plus « pur et dur ». L’accompagnement sur ces deux chansons est bien entendu de très haut niveau, avec, outre Dixon à la contrebasse, Mighty Joe Young à la seconde guitare, Carey Bell à l’harmonica, Lafayette Leake au piano et Billy Davenport à la batterie.
À partir de 1971, Benton devient membre des Blues All-Stars de Willie Dixon mais il enregistre peu sous nom. En 1974, une autre superbe chanson, Money is the name of the game, démontre tout le talent de l’artiste. Mais il doit encore attendre 1978 pour sortir chez Ronn son premier album, « Spider in My Stew », en tous points remarquable et que Bill Dahl dans sa biographie sur le site Allmusic décrit comme « l’un des LP de Chicago Blues les plus captivants de son époque. » Un autre opus sort chez Ronn en 1981, « Buster Benton Is the Feeling », suivi deux ans plus tard de « First Time in Europe », enregistré en France chez Blue Phoenix. Mais Benton souffre d’un diabète invalidant et subit l’amputation de sa jambe gauche. Il poursuit toutefois sa carrière, avec un nouvel album pour Blue Phoenix en 1985 puis trois autres pour Ichiban entre 1988 et 1991. En 1993, Buster Benton est cette fois amputé de la jambe droite, et le 20 janvier 1996, à soixante-trois ans, il perd son combat contre la maladie.
Je vous propose comme de coutume une sélection de chansons en écoute, avec notamment ses six premières faces gravées dans les années 1960.
– That’s the reason en 1966.
– Hole in my head en 1966.
– Catch up in the world en 1966.
– Do as you please en 1966.
– Catherine en 1968.
– Get yourself together en 1968.
– Erase my name, non datée, prob. fin des années 1960.
– Spider in my stew en 1970.
– Dangerous woman en 1970.
– Money is the name of the game en 1974.
– Born with the blues en 1978.
– Breaking up en 1981.
– The hawk is coming en 1983.
– It’s good in my neighbourhood en 1985.
– Born with the blues en 1988.
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