Prudential Center, 13 mai 2017, Newark, New Jersey. © : Paul Zimmerman / Getty Images.

La nouvelle du décès de Cissy Houston, ce 7 octobre 2024 à l’âge de quatre-vingt-onze ans, est un tel choc que je ne sais pas trop par quoi commencer… Peut-être en évoquant quelques autres membres de son incroyable famille musicale qui aura marqué notre temps. Sa fille Whitney Houston (1963-2012) et Bobbi Kristina Brown (1993-2015), la fille de cette dernière (et donc petite-fille de Cissy), toutes deux disparues bien trop tôt dans des circonstances étrangement similaires et tragiques. Ses nièces Dionne Warwick (née en 1940) et Dee Dee Warwick (1942-2008), autres figures comme elles de la soul, du R&B et du gospel, sa cousine germaine la cantatrice Leontyne Price (née en 1927)… Ou bien en citant quelques artistes qui firent appel à Cissy Houston, chanteuse très demandée dans tous les genres  : Wilson Pickett, Solomon Burke, Esther Phillips, Jimi Hendrix, Dusty Springfield, Aretha Franklin, Elvis Presley, Brook Benton, Van Morrison, James Cotton, Donny Hathaway, Burt Bacharach, Paul Simon, Roberta Flack, Bette Midler, Gregg Allman, Linda Ronstadt, David Bowie, The J. Geils Band, Chaka Khan, Luther Vandross, Diana Ross, Beyoncé… En plus de cela, Cissy Houston mena une carrière personnelle remarquablee, d’abord avec The Sweet Inspirations puis bien sûr sous son nom. Certes, elle évolua essentiellement dans un registre en marge du blues et donc de l’idiome de ce site, mais peu de chanteuses occupent une telle place dans l’histoire de la musique afro-américaine. Je vous propose d’évoquer les grandes lignes de son parcours, et surtout quelques chansons en écoute…

En 1977. © : Gems / Redferns / Getty Images.

Elle naît Emily Drinkard le 3 septembre 1933 à Newark dans le New Jersey. Étant la benjamine de huit enfants, elle n’a que cinq ans quand elle commence à chanter du gospel en 1938 au sein du groupe familial avec une sœur et deux frères, The Drinkard Four, essentiellement sous l’influence de son père. Et pour cause, sa mère est victime la même année d’un AVC et décédera trois ans plus tard. Après des changements de personnel (arrivée de nouveaux membres de la famille dont Lee Drinkard Warrick, la mère de Dee Dee et Dionne Warwick), la formation prend le nom de Drinkard Singers. Malgré la mort du père de Cissy en 1951, la réputation des Drinkard Singers grandit, et la formation apparaît notamment au Newport Jazz Festival en 1957. Puis, l’année suivante, elle sort chez RCA « A Joyful Noise », un live tiré de concerts enregistrés au Webster Hall à New York, tout simplement le premier album de gospel pour un label dit « major » (RCA)… Cissy Houston est créditée sous le nom d’Emily Drinkard Garland, car elle est alors la femme de Freddie Garland, épousé en 1955.

© : Discogs.

Peu après, en 1959, Dionne et Dee Dee Warwick, en compagnie de Doris Troy (1937-2004), une découverte de James Brown, forment The Sweet Inspirations. Avec l’arrivée de Cissy Houston en 1963 (alors enceinte de Whitney dont le père est John Russell Houston, Jr., qu’elle épousera en 1964), le groupe change à la fois de dimension et de registre, en s’ouvrant au R&B, à la soul, et plus tard au funk, au disco… En tout cas, à partir des années 1960, les membres des Sweet Inspirations dont Cissy Houston font partie des vocalistes les plus demandées, aux côtés d’artistes majeurs de tous horizons, dont je dresse une liste non exhaustive en préambule de cet article. Mais Cissy Houston, dont les aptitudes vocales s’avèrent particulièrement étendues, est également sollicitée à titre personnel, y compris sur des enregistrements des jazzmen Roland Kirk, Yusef Lateef et Herbie Mann dans les années 1970. En 1971, on l’entend aux chœurs sur l’album du bluesman James Cotton « Taking Care of Business » (Capitol, avec Matt Murphy, Todd Rundgren et Mike Bloomfield aux guitares !).

The Sweet Inspirations en 1968 : Cissy Houston, Myrna Smith, Sylvia Shemwell et Estelle Brown.

Plus près de nous, Cissy Houston continuera bien sûr de se produire, en solo, avec d’autres artistes, mais évidemment aussi des membres de sa famille dont sa fille Whitney et sa nièce Dionne Warwick. Les années 1990 voient aussi un retour marqué de la chanteuse au gospel, et lui valent d’ailleurs deux Grammy Awards pour les albums « Face to Face » (1996, House of Blues / BMG) et « He Leadeth Me » (1997, A & M). En 2018, Cissy Houston prend officieusement sa retraite, diminuée par la maladie d’Alzheimer. Avant donc de s’éteindre aujourd’hui, me plongeant dans le plus profond désarroi tant cette chanteuse m’a « guidé »…

© : The New York Times.

Bring him back en 1966 par Sissie (Cissy) Houston. Chanson arrangée et dirigée par… Mort Shuman !
Don’t come running to me en 1967 par Sissie (Cissy) Houston.
The long and winding road en 1970 par Cissy Houston.
The sky is falling en 1971 par James Cotton avec Cissy Houston.
Midnite train to Georgia en 1972 par Cissy Houston.
He ain’t heavy, he’s my brother en 1972 par Cissy Houston.
Face to face en 1996 par Cissy Houston.
Glory train en 1997 par Cissy Houston.
Bridge over troubled water en 2012 par Cissy Houston.
Medley en 2014 par Cissy Houston.

© : Charles Sykes / Invision / Associated Press.