Pour 2024, je vous propose deux listes des dix albums et des cinq livres qui ont selon moi marqué cette année, et début 2025, je publierai mes Top 10 et Top 5 dans les deux catégories. Le quatrième sur ma liste de disques est le dernier album de Shemekia Copeland, intitulé « Blame it on Eve », bien sûr sorti chez Alligator. Franchement, les mots manquent pour qualifier cette réalisation de la chanteuse. Disque après disque elle impressionne, parvenant à chaque fois à tutoyer de nouveaux sommets, et le confirme une fois de plus. Parfaitement soutenue (Will Kimbrough, Luther Dickinson), servie par des textes remarquables (John Hahn), d’une maîtrise sidérante dans tous les registres, elle écrit plus que jamais l’histoire du blues contemporain. L’album se commande à cette adresse, et, outre deux extraits en écoute, Tough mother et Blame it on Eve, vous trouverez ci-dessous le texte de ma chronique publiée dans le numéro 256 de Soul Bag.
SHEMEKIA COPELAND
BLAME IT ON EVE
BLUES MODERNE
Avec « Blame it on Eve », Shemekia met la barre de plus en plus haut, histoire de graver désormais sa démesure dans… l’Histoire ! L’équipe (qui gagne) autour de la chanteuse est toujours emmenée par Will Kimbrough (guitare, mandoline, claviers, percussions, production) et John Hahn (textes), ce qui lui permet d’exprimer son immense potentiel dans tous les thèmes et registres retenus. On est tout de suite dans les cordes avec la chanson-titre, hyper accrocheuse avec son sax baryton et sa slide (Luther Dickinson), suivie d’un boogie imparable comme un uppercut (Tough mother) : « I’m a tough mother, don’t you mess with me (…) I got a son of my own, he’s gonna be strong, gonna be a rolling stone. » Suit un sommet d’émotion, la ballade Only miss you all the time sur fond de guitare. Il y a bien sûr un peu de blues rock efficace : Broken high heels (« Here comes a hurricane category 5! » et Is there anybody up there? en duo avec Alejandro Escovedo au chant. Côté Chicago blues « classique », citons le shuffle Cadillac blue et un blues lent monstrueux, seule reprise du disque (de son père, bien sûr), Down on bended knee. Ajoutons une autre merveille, cette fois acoustique, Belle sorcière, coécrite par Pascal Danaë (Delgres), dont le refrain est chanté en duo et en français ! Troisième sommet avec DaShawn Hickman à la steel guitar, Tell the devil, churchy et insolent : « Tell the devil to go to hell, I made my deal with Jesus! » Il reste l’amusant blues lent Wine o’clock (guitare déjantée signée Charlie Hunter !), Tee Tot Payne (bluesman afro-américain mentor d’Hank Williams) et Heaven help us all, entre soul blues et gospel. Aucun temps faible, de la variété, du modernisme, un disque absolument extraordinaire de la part d’une chanteuse qui ne cesse de repousser les limites.
© : Daniel Léon / Soul Bag.
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