Dans la première moitié des années 1950, ce chanteur-pianiste de R&B obtint de fulgurants succès, notamment grâce à d’impérissables ballades qui trustèrent les premières places des charts. Des ballades que l’on pourrait prendre plaisir aujourd’hui encore à écouter lors de veillées comme celles de Noël. Hélas, Johnny Ace est mort accidentellement le 25 décembre 1954, il y a tout juste soixante-dix ans, en manipulant une arme à feu. Il naît John Marshall Alexander, Jr. le 9 juin 1929 à Memphis, Tennessee, dans une famille de onze enfants. Son père est pasteur et sa mère impose des règles strictes au foyer, et le jeune Johnny débute au chant et au piano à l’église. Consciente de ses dons précoces, sa mère lui permet de prendre des leçons mais il est mobilisé dans la marine dès la fin de ses études secondaires.
Rendu à la vie civile en 1949, il trouve aisément sa place sur la scène alors effervescente autour de Beale Street, où commencent à se distinguer plusieurs artistes au sein des Beale Streeters. Il ne s’agit pas véritablement d’un groupe mais plutôt d’un collectif dont le leader change souvent, mais dont les membres, outre Alexander, ne sont autres que B.B. King, Bobby Bland, Junior Parker, Earl Forest, Willie Nix et Rosco Gordon ! Et quand B.B. King fait ses débuts pour la station de radio WDIA, il s’accompagne d’Alexander (piano), d’Adolph « Billy » Duncan (saxophone) et d’Earl Forest (batterie). En 1951, par l’entremise d’Ike Turner qui officie alors comme découvreur de talents pour le label RPM des frères Bihari, il apparaît au piano sur des enregistrements de B.B. King dont Three o’clock blues.
L’année suivante, Alexander est remarqué par David James Mattis du label Duke qui lui suggère de prendre Johnny Ace comme nom de scène. Et dès août 1952, il sort My song, une chanson qui se hisse d’emblée à la première place des charts R&B de Billboard. Avec sa belle voix de baryton, il se démarque de Bobby Bland et de B.B. King avec des ballades qui rappellent plus le « soft blues » de la Côte Ouest. Jusqu’en 1954, Johnny Ace enfile les hits comme des perles, au nombre de huit selon Bill Dahl sur le site Allmusic, parmi lesquels Cross my heart, The clock, Saving my love for you, Please forgive me et Never let me go. En 1954, selon la revue Cash Box, il est l’artiste le plus programmé à la radio. Le 12 février 1955, sa chanson Pledging my love atteint le sommet des charts et y reste dix semaines, toutefois à titre posthume.
Le pire s’est en effet produit quelques semaines plus tôt, le 25 décembre 1954. Après un concert à Houston, Texas, lors d’une tournée avec Big Mama Thornton, il se tue accidentellement d’une balle dans la tête en jouant avec son revolver. Nombre de sources affirment que l’artiste jouait en fait à la roulette russe, mais cette version est aujourd’hui contestée. Témoin de la scène, Curtis Tillman, le bassiste de Big Mama, est à ce propos catégorique : « Johnny Ace avait bu, il avait ce petit pistolet qu’il agitait autour de la table et quelqu’un lui a dit « fais gaffe avec ce truc ! », et il a dit « c’est OK, le flingue n’est pas chargé…, tu vois ? ». Puis il l’a pointé vers lui avec un grand sourire et bang ! Sale truc, très sale truc… Big Mama a surgi de la loge en hurlant « Johnny Ace vient de se suicider ! » ». Quoi qu’il en soit, nous venions de perdre un des chanteurs les plus populaires de son temps, en pleine gloire et âgé de seulement vingt-cinq ans. Je vous propose d’écouter deux de ses chansons les plus connues, My song et Pledging my love.
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