Les temps du gospel copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Buster Ezell (rubrique « Un blues, un jour ») et The True Believers (rubrique « Les temps du gospel »).

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© : FlowVella

Il m’était aujourd’hui difficile de passer sur la création le 3 mars 1865 par le Congrès américain du Freedmen’s Bureau, couramment appelé Bureau des affranchis. Son libellé exact et complet est toutefois Bureau of Refugees, Freedmen and Abandoned Lands, ce qui se traduit plus ou moins par Bureau des réfugiés, des affranchis et des terres abandonnées. En fait, alors que la Guerre de Sécession n’est pas encore terminée (elle s’achèvera cinq semaines plus tard, le 9 avril 1865), cette agence gouvernementale créée à l’initiative du président Abraham Lincoln a pour but d’aider les esclaves récemment libérés (les affranchis, donc) et les réfugiés victimes de la guerre.

Elle leur distribuait des rations de nourriture, des terrains à construire, les aidait à trouver des emplois sans trop se faire exploiter, à accéder à différents services comme la santé et l’éducation. Inscrite dans le processus de la Reconstruction amorcée dès la fin de la guerre, la mission du Freedmen’s Bureau était censée cesser dès 1866, mais elle dut faire face à des besoins considérables. Des églises, des hôpitaux et des écoles par milliers furent ainsi bâtis, mais avec l’arrivée d’Andrew Johnson au pouvoir et la montée du Ku Klux Klan, les responsables furent progressivement privés de moyens. Et en 1872, le Congrès décida d’arrêter le programme…

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Buster Ezell en mars 1943 au Fort Valley Ham & Egg Show, en Géorgie. © : Ed Clark / Getty Images

Bien entendu, il n’existe pas de témoignage musical de cette période troublée. Mais comme il y eut hélas ensuite d’autres guerres, on trouve néanmoins des choses relatives à la Seconde Guerre mondiale et notamment au rationnement. Et même si j’aurais évidemment préféré me passer de trouver de tels éléments dans les conflits, cela permet aussi de découvrir des artistes bien peu connus. C’est le cas du chanteur et guitariste Buster « Buzz » Ezell, un des rares bluesmen de sa génération à s’être en quelque sorte spécialisé dans les textes engagés à l’époque de la Seconde Guerre mondiale, et qui fut enregistré par la Bibliothèque du Congrès (on retrouve quelques titres d’Ezell sur la compilation Flyright-Matchbox « Fort Valley Blues – 1941-43 Field Recordings From Georgia »). J’ai donc choisi un vrai document pour mon émission, avec un morceau d’Ezell lié au rationnement, qui date de l’été 1943 et s’appelle Obey the Ration Laws.

 

Pour cette rubrique du dimanche consacrée au gospel, commençons avec sans doute une surprise avec le nom complet du groupe au programme aujourd’hui soit Castro Coleman and The True Believers. Si vous suivez un peu Castro Coleman, vous le connaissez probablement sous son nom d’artiste Mr. Sipp, ce chanteur et guitariste très dynamique qui fait partie des révélations du blues de ces dernières années. Là n’est donc pas la surprise… Car Coleman/Sipp a plusieurs cordes à son arc. Il participe ainsi à des programmes éducatifs dans les écoles, il a ouvert son propre club l’an dernier dans le Mississippi, et surtout il chante donc du gospel au sein des True Believers depuis une vingtaine d’années. C’est dire qu’il est très crédible dans ce registre !

Il se trouve en outre que les True Believers viennent de sortir un album très recommandable pour le label Malaco, intitulé « Back to the Roots ». Comme son titre le suggère, il s’agit effectivement de gospel traditionnel dans l’esprit, mais très moderne et actuel dans l’interprétation. En outre, peut-être pour donner un peu plus d’authenticité à l’ensemble, le CD a été enregistré dans une église de l’Arkansas. J’ai retenu pour mon émission une vidéo de promotion de Malaco enregistrée dans les conditions du live, avec bien sûr Castro Coleman alias Mr. Sipp en leader. Une prestation très récente qui date de janvier 2019, pour un morceau qui s’appelle Something About That Name.

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