En tournée copie

Au programme de mon émission sur YouTube, The Beale Street Sheiks (rubrique « Un blues, un jour ») et Lucky Peterson (rubrique « En tournée »).

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Des travailleurs noirs près du Lyceum à Alexandria, Virginie, durant la Guerre de Sécession. © : Zebra.

Je vous propose aujourd’hui de remonter au 2 mars 1867 pour évoquer un événement de l’histoire afro-américaine largement oublié aujourd’hui. Cela se passe à Alexandria, une ville du nord de la Virginie qui est quasiment aujourd’hui une banlieue sud de Washington, et plus précisément au Lyceum, un bâtiment qui servit d’hôpital durant la Guerre de Sécession. Ce jour-là, entre 200 et 300 Noirs se rassemblèrent pour demander le droit de vote. Les autorités leur donnèrent l’autorisation tout en les informant que leurs votes ne seraient pas comptabilisés. Malgré cela, environ 1 000 Noirs de déplaceront pour déposer leurs bulletins dans les urnes.

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Le Lyceum d’Alexandria, aujourd’hui un musée. © : Paris Design

Ce « vrai faux » vote pourrait sembler ridicule, mais il n’empêche, c’était bien la première fois que des Noirs pouvaient voter dans les États dits du Sud, même si, quand on regarde de près une carte des États-Unis, cette région apparaît géographiquement plus proche du Nord… Quoi qu’il en soit, cette action, avec d’autres qui suivirent, favorisera l’obtention en 1870 pour les Noirs d’un véritable droit de vote au niveau national avec la ratification du 15eAmendement. Alors bien sûr, dans les faits, nul n’ignore que cela s’appliquera très diversement d’un État à l’autre et que la ségrégation entravera encore pendant des décennies les droits des Noirs. Mais ce fait du 2 mars 1867 me semblait mériter l’attention.

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© : Amazon

En outre, il fut assez facile de trouver un morceau en relation avec ce thème, autour d’un personnage plutôt apprécié des bluesmen. Il s’appelle Edward Hull « Boss » Crump (1874-1954), fut maire de Memphis au début des années 1910 puis en 1940, mais son influence sur la ville s’exerça en fait quasiment jusqu’à son décès. Et celui que l’on appelait communément Mr. Crump ne s’opposait pas au vote des Noirs… Les bluesmen l’évoquaient donc dans leurs textes, et le premier à enregistrer une chanson populaire sur Crump (Mr. Crump Don’t Like It) fut aussi un fondateur du blues de Memphis car il s’agit de l’impeccable chanteur et guitariste Frank Stokes. Il formait également dans les années 1920 un duo fameux avec un autre excellent guitariste, Dan Sane, les Beale Street Sheiks (à écouter chez Document : « The Beale Street Sheiks (Stokes & Sane) ‎– Frank Stokes’ Complete Paramount Recordings In Chronological Order 1927-1929 »). J’ai donc choisi pour mon émission leur version originale de 1927 de Mr. Crump Don’t Like It

 

LUCKY PETERSON

© : Le Figaro

En deuxième partie d’émission, pour cette première rubrique « En tournée » du mois de mars 2019, je m’arrête sur un bluesman très populaire et connu chez nous, Lucky Peterson. Chanteur, guitariste, organiste et pianiste, le natif de Buffalo dans l’État de New York est un artiste extrêmement doué et il fut également très précoce au point d’être un enfant prodige… Pour ce mois de mars 2019, j’ai compté 13 dates concernant Lucky Peterson en France. À ce propos, lors de l’enregistrement de mon émission, la date du 9 mars ne m’était pas parvenue, raison pour laquelle je ne l’ai pas citée. Compte tenu du nombre important de concerts de cette tournée, j’ajoute à la liste qui suit des dates et des villes deux images tirées du site officiel du bluesman avec les lieux précis.

Lucky Peterson sera donc le 11 mars à Paris, le 12 à Saint-Malo, le 13 à Brest, le 14 à Saint-Nazaire, le 15 à Biarritz, le 16 à Angoulême, le 17 à Grenoble, le 19 à Lyon, le 21 à Hérouville-Saint-Clair, le 22 à Montrouge, le 26 à Nîmes et le 28 à Marseille. Il faut ajouter à cela une date plus éloignée, le 12 mai à Concarneau. Voilà donc une belle tournée pour Lucky, qu’il sera facile de voir sous nos yeux ce mois-ci… Pour mon émission, j’ai retenu une prestation en direct sur la chaîne du Figaro Live, qui le montre seul au chant et à la guitare, dans une configuration qu’il ne reproduit pas si souvent que cela sur scène. Ça date de 2014 et ça s’appelle The Son of a Bluesman.