
Jontavious Willis. © : Corinne Préteur.
En ce début d’année 2025, les honneurs pleuvent sur Jontavious Willis. Vous savez tout le bien que je pense de ce jeune artiste âgé de seulement vingt-huit ans dont j’aime dire (Soul Bag n° 256) qu’il « est sans doute actuellement le seul bluesman capable d’utiliser et valoriser ainsi le passé pour en faire notre présent ». Basée sur le Country Blues et une connaissance très pointue de la culture musicale afro-américaine, sa musique n’est pas une redite de ses glorieux anciens mais au contraire une réinterprétation personnelle et actuelle pleine d’acuité, il écrit d’ailleurs toutes ses chansons. Chanteur fascinant qui joue de sa voix pour mieux incarner un blues polymorphe, sa maîtrise de la guitare en picking est étourdissante (il joue aussi de l’harmonica, du banjo et du piano), dans la lignée des adeptes du Piedmont Blues. À mes yeux, il fut donc naturel de le mettre à la première place de mon Top 10 des meilleurs albums de l’année 2024 (« West Georgia Blues » chez Strolling Bones), tout comme Soul Bag dans son palmarès.
Le 8 janvier dernier, l’Académie Charles Cros a révélé son palmarès et attribué le grand prix blues & soul à Jontavious Willis pour l’album cité plus haut. Suite à cela, la cérémonie de remise des prix, à laquelle j’ai assisté, s’est déroulée le 2 février à l’espace culturel Robert-Doisneau à Meudon dans les Hauts-de-Seine. Jontavious avait fait le déplacement ainsi que ses parents, évidemment ravis, madame Willis m’avouant que c’était sa première visite en France… Comme les autres lauréats présents, Jontavious interpréta deux chansons, une train song amusante à l’harmonica avec la complicité de l’audience, et Ghost woman en s’accompagnant à la guitare, extraite de son album (lors de mon interview publiée dans le numéro 256 de Soul Bag, il m’avait confié que c’était sa préférée). L’Académie a décerné bien d’autres prix dans diverses catégories, dont un in honorem à l’harmoniciste Jean-Jacques Milteau pour l’ensemble de sa carrière. Si certaines catégories m’étaient peu familières, j’ai pris plaisir à écouter les prestations de l’accordéoniste René Lacaille (prix in honorem musiques du monde), du saxophoniste Baptiste Herbin (grand prix jazz), de la toujours sémillante organiste Rhoda Scott (prix in honorem jazz), de l’ensemble Mon p’tit loup (grand prix chanson avec Catherine Ringer en invitée « surprise » !), sans oublier l’hommage au grand pianiste de jazz Martial Solal récemment disparu (prix in memoriam).

René Lacaille. © : Daniel Léon.
Mais le séjour parisien de Jontavious Willis allait connaître un prolongement inattendu. Il a en effet attiré l’attention de Michael Turner, conseiller culturel de l’ambassade des États-Unis à Paris, qui l’a reçu ce 6 février (avec ses parents !) pour le féliciter à l’hôtel de Talleyrand. Ce lieu prestigieux, où vécut Talleyrand de 1812 à sa mort en 1838 avant de devenir le centre névralgique du plan Marshall à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, abrite plusieurs services de l’ambassade. Jontavious eut ainsi l’occasion de s’exprimer dans ce cadre sans doute inhabituel pour lui, mais qui démontre tout l’intérêt qu’il suscite. Pour un compte-rendu plus complet de cet événement, je vous invite à lire l’article de Nicolas Teurnier, rédacteur en chef de Soul Bag, qui n’allait quand même pas manquer ça ! Pour conclure, je ne résiste pas à vous proposer trois extraits de l’album de Jontavious, Earthworm basement blues, Lost ball et Ghost woman.

Baptiste Herbin. © : Daniel Léon.

Rhoda Scott. © : Corinne Préteur.

Catherine Ringer avec l’ensemble Mon p’tit loup. © : Daniel Léon.

Jontavious Willis et ses parents à l’hôtel de Talleyrand. © : Wilfried-Antoine Desveaux / Soul Bag.

Michael Turner et Jontavious Willis à l’hôtel de Talleyrand. © : Wilfried-Antoine Desveaux / Soul Bag.

Jontavious Willis à l’hôtel de Talleyrand. © : Wilfried-Antoine Desveaux / Soul Bag.
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