Pat Thomas, 1960-2025

Je prends enfin le temps de revenir sur le décès à soixante-quatre ans de Pat Thomas, survenu le 8 février 2025 pour des raisons non communiquées (on sait seulement qu’il a été retrouvé mort dans son appartement). Né Raymond Earl « Pat » Thomas le 13 août 1960 à Leland au cœur du Delta dans une fratrie de treize enfants, il est le fils de Christine Thomas et du célèbre bluesman James « Son » Thomas (1926-1993). Son parcours est dès lors tout tracé. Comme son père, Pat Thomas sera d’abord fossoyeur. Il l’imitera aussi en devenant un adepte de la sculpture en terre cuite (notamment des crânes car il puisait une partie de son inspiration dans les cimetières). Toujours dans le domaine artistique, il s’adonnera également au dessin en se spécialisant dans les têtes de chats (cat heads). Roger Stolle, qui gère la boutique Cat Head Delta Blues & Folk Art à Clarksdale reconnaît que le nom de son établissement provient de ces œuvres de Thomas, et une de ses têtes de chat est utilisée comme logo par la Cathead Distillery (qui commercialise une Cathead Vodka !) sur Farish Street à Jackson, la capitale du Mississippi.

Mais Pat Thomas sera aussi chanteur-guitariste, représentant d’un Delta Blues acoustique originel. On lui doit deux albums sous son nom, « His Father’s Son » chez Broke & Hungry en 2010 qui est son meilleur, et « Beefsteak Blues » chez Wolf en 2013, que j’ai chroniqué dans le numéro 211 de Soul Bag. S’il n’eut pas l’aura de son père, Pat Thomas fut une figure du blues local dans sa région, en participant régulièrement aux festivals durant lesquels il enchantait les audiences avec son Country Blues sincère et racinien, sa gentillesse et sa disponibilité, sans bien sûr oublier ses œuvres que l’on voit un peu partout. Sa popularité lui valut enfin d’apparaître dans le film M for Mississippi: A Roadtrip Through Birthplace of The Blues de Roger Stolle et Jeff Konkel (2008), puis de participer au projet « Muddy Gurdy – Mississippi Sessions » par Hypnotic Wheels (2018).