Le numéro 1 de Living Blues est sorti au printemps 1970, il y a donc tout juste cinquante-cinq ans. Une longévité exceptionnelle pour un magazine de presse spécialisée, qui plus est de blues. Seuls le français Soul Bag, le suédois Jefferson et le finlandais Blues News, tous fondés en 1968, sont plus anciens. En Angleterre, Blues Unlimited a été créé dès 1963, mais contrairement aux autres cités, il n’est plus en activité, avec un dernier numéro paru en décembre 1987. La couverture du numéro inaugural de Living Blues montre Howlin’ Wolf avec un air quelque peu inquiet, voire apeuré, ce qui est inattendu de la part de ce bluesman connu pour son caractère très affirmé et que rien n’effrayait, bien au contraire. Une photo que l’on doit à Les Blank (1935-2013), photographe mais surtout réalisateur qui nous laisse plusieurs remarquables documentaires sur les musiques traditionnelles dont bien entendu le blues.
Pour revenir à Living Blues, la revue, qui est la première dédiée au blues outre-Atlantique, a donc été fondée par un collectif d’étudiants passionnés, Diane Allmen, Paul Garon, Bruce Iglauer (qui lancera le label Alligator en 1971), Jim O’Neal, Andre Souffront, Amy van Singel et Tim Zorn. Cinquante-cinq ans plus tard, Brett Bonner, l’actuel rédacteur en chef, rappelle d’abord que Living Blues a publié « plus de 3 000 interviews, plus de 13 000 chroniques, des dizaines de milliers de photographies, des milliers d’actualités et une variété d’autres articles relatifs à l’histoire du blues ». Il a décidé de « regarder en arrière » avec l’opération « Living Blues Looks Back » qui va se dérouler tout au long de l’année 2025. Sachant que la majorité des plus anciens numéros sont aujourd’hui épuisés, la revue partagera chaque mois une partie du contenu d’un de ces numéros, en mettant l’accent sur l’actualité du blues de l’époque.
J’y reviendrai régulièrement ici, mais en attendant, arrêtons-nous sur ce fameux numéro 1, réimprimé en 2010 pour les quarante ans de Living Blues et dès lors disponible à la vente à cette adresse. Normalement, Magic Sam devait figurer en couverture et faire l’objet d’un article, mais sa mort brutale le 1er décembre 1969 des suites d’une crise cardiaque (à trente-deux ans…) oblige la rédaction à revoir ses plans. Magic Sam reste au sommaire avec un hommage signé Bruce Iglauer et Jim O’Neal, pendant que la première interview publiée par le magazine porte donc sur Howlin’ Wolf (orthographié Howling Wolf). O’Neal est également l’auteur de « Uncle Sam Gonna Take Me Away, Part 1 » (dont la suite paraîtra dans le n° 2), une étude des blues aux textes engagés, ou protest blues, depuis les années 1940. Quant à Paul Garon, il propose « Blues and the Church: Revolt and Resignation », une analyse des aspirations des bluesmen dans leurs textes, dont certaines sont les mêmes que dans le gospel mais exprimées différemment. Parmi les premiers annonceurs figurent les labels Chess et Delmark, pendant que les chroniques de disques occupent les pages 25 à 36…
Photos : © Living Blues.
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