
© : Terre de Blues.
Enfin ! Le programme officiel de la vingt-troisième édition du festival Terre de Blues, qui se déroulera du 6 au 9 juin 2025 sur l’île de Marie-Galante, vient d’être dévoilé sur le site Internet de l’événement. La billetterie est également ouverte dès maintenant et accessible à cette adresse. Le 30 mars, en me fiant notamment à la presse locale, j’avais publié un article qui annonçait les groupes et artistes retenus, en insistant, pour ce qui concerne le blues, sur le trio Delgres et Jontavious Willis. Face à des contradictions et incertitudes suite à cette publication, j’avais ajouté des réserves mais également contacté directement les artistes concernés. Pascal Danaë, chanteur-guitariste de Delgres, m’avait immédiatement confirmé la présence de son groupe. Dans un premier temps, Jontavious Willis m’avait informé qu’il ne viendrait pas. Puis il a consulté son agenda et m’a adressé un nouveau message dans lequel il m’a avoué qu’il n’avait pas réalisé que Marie-Galante se trouvait en Guadeloupe, et qu’il serait effectivement lui aussi bien présent, ce qui est évidemment une excellente nouvelle. Hors blues, les autres noms cités (La Bande à Carnot, Big in Jazz, Joé Dwèt Filé, Gloriyé Gwoka avec Patoray, Saël, Burning Spear, Elida Almeida et Yuri Buenaventura) figuraient dans mon annonce du 30 mars. Seule Luan Pommier a été remplacée par Krys. Ce préambule s’imposait car ma publication originelle a été implicitement remise en cause par l’organisation. Or, chacun(e) pourra constater aujourd’hui que mes informations initiales étaient bien les bonnes. Mais passons maintenant à l’essentiel, à savoir au plateau de cette édition 2025 de Terre de Blues, de très haut niveau et qui promet énormément.

Burning Spear. © : Francis Reinoso / L’Est Républicain.
Voici pour commencer l’ensemble de la programmation. Le thème choisi cette année est « Voix et vérité » et la marraine Malika Tirolien. Très régulièrement jusqu’au début du mois de juin, je vous proposerai différents articles sur mon site en vous présentant plus longuement les artistes et groupes à l’affiche, tout en m’arrêtant aussi sur les animations, les informations pratiques…
Vendredi 6 juin
– Scène de l’habitation Murât. La Bande à Carnot, Big in Jazz et Joé Dwèt Filé.
– Scène du village à Grand-Bourg. Jouné é swaré Gloriyé Gwoka avec Patoray.
Samedi 7 juin
– Scène de l’habitation Murât. Jontavious Willis, Saël et Burning Spear.
Dimanche 8 juin
– Scène de l’habitation Murât. Delgres, Elida Almeida et Yuri Buenaventura.
Lundi 9 juin
– Scène de la gare maritime. Krys et T-Vice.

Jontavious Willis lors de la cérémonie de remise des prix de l’Académie Charles Cros, espace culturel Robert-Doisneau, Meudon, 2 février 2025. © : Daniel Léon.
Mais venons au blues. L’an dernier, j’avais émis des réserves sur le choix de l’artiste censé représenter le blues américain, en l’occurrence Keith « The Captain » Gamble. Mais cette année, je ne peux que me réjouir car le bluesman retenu est Jontavious Willis, qui fait l’unanimité et dont j’ai beaucoup parlé ces derniers mois. L’an dernier, il a sorti « West Georgia Blues » (Strolling Bones), album auquel j’ai attribué la note maximale dans Soul Bag, qui a d’ailleurs ensuite plébiscité l’artiste dans son palmarès des disques de l’année. Toujours pour Soul Bag, j’ai interviewé en juillet 2024 Jontavious en vue d’un article publié dans le numéro 256 de la revue. Début 2025, j’ai publié mon propre Top 10 des meilleurs albums de l’année, en plaçant là encore le disque de Jontavious à la première place. Enfin, le 2 février 2025, il a obtenu le grand prix blues et soul de la prestigieuse Académie Charles Cros (j’y étais !), avant d’être reçu par Michael Turner, conseiller culturel de l’ambassade des États-Unis à Paris ! Chanteur, guitariste, harmoniciste et parolier de tout premier ordre, parfait connaisseur de l’histoire de sa musique, Jontavious Willis est la parfaite incarnation de l’interprète de Country Blues, dont j’aime dire qu’il « est sans doute actuellement le seul bluesman capable d’utiliser et valoriser ainsi le passé pour en faire notre présent ». C’est la phrase qui conclut ma chronique de son disque dans le numéro 256 de Soul Bag, et dont vous trouverez l’intégralité plus bas.

© : Soul Bag.
Je remercie donc les organisateurs de Terre de Blues d’avoir pensé à Jontavious Willis, mais ce n’est pas terminé car nous aurons aussi le groupe Delgres ! Là encore, j’ai souvent évoqué ce trio remarquable de blues rock créole emmené par Pascal Danaë dont le père est natif de… Marie-Galante ! Comme Jontavious, Delgres a été récompensé par l’Académie Charles Cros, en 2018 pour « Mo Jodi » (meilleur album de blues de l’année). En 2021, Delgres a fait l’objet d’un long article dans le numéro 242 de Soul Bag et figure en couverture, une première pour un groupe français en cinquante-trois ans d’existence de la revue ! Chanteur, guitariste et parolier (bon nombre de ses chansons sont écrites et interprétées en créole), Pascal s’accompagne de Rafgee au soubassophone (ou sousaphone) et de Baptiste Brondy à la batterie. Pascal avait répondu à mes questions en 2024, je publierai donc l’intégralité de cette interview sur ce site avant le début du festival.

Pascal Danaë du groupe Delgres. © : Soul Bag.
Chronique de l’album « West Georgia Blues » par Jontavious Willis (Strolling Bones, 2024)
Cet album installe le bluesman de 28 ans parmi les meilleurs de notre époque. Jontavious fascine d’abord avec sa voix dont il se sert à merveille pour faire vivre ses chansons, pour les habiter, et sa guitare agit en habile complice. Très attaché à ses origines, à sa famille et à sa terre (West Georgia blues a cappella pour ouvrir), il touche particulièrement quand il interprète du Piedmont Blues (Charlie Brown blues, Rough time blues). Mais son Country Blues au sens large va bien au-delà : Broken hearted moan, Who’s gonna hear it? et Time brings about a change dégagent une profonde émotion, mais Squirrlin’ mama joue l’humour (avec la mère-écureuil !). Ses textes sont une autre force. Les thèmes sont ceux des pionniers du blues (dont il connaît à merveille le répertoire) qu’il retranscrit à notre époque, par exemple sur Too close to the finishing line et Ghost woman (« I went to the graveyard, I fell down on my knees, ghost woman, why don’t you come around no more ?). Dans le genre, il explore des terres rares, en réincarnation de Tommy Johnson sur Earthworm basement blues (« I don’t want you here just ‘cause I’m feelin’ down, I like the blues so low you gotta find me in the earthworm basement »), ou quand il erre sans repères sur l’étouffant Lost ball (« I’ll keep on rollin’ til I’ll make it to some good girl’s door ») accompagné d’un groupe électrique. Dans cette formule, il flirte parfois avec le Hill Country Blues : Lula Mae et l’instrumental Jontavious’ West Georgia grind. L’ensemble se complète de deux chansons plus « légères , Keep your worries on the dance floor, effectivement dansant, et A lift is all I need aux accents jazzy. En thaumaturge, Jontavious est sans doute actuellement le seul bluesman capable d’utiliser et valoriser ainsi le passé pour en faire notre présent.
© : Daniel Léon / Soul Bag.

© : Soul Bag.
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