L’heure est venue d’évoquer le dernier album pour boucler ma liste de dix disques qui ont selon moi marqué cette année 2023, qui sera suivie la semaine prochaine d’un classement, mon « palmarès » ou Top 10 assorti de commentaires et d’un bilan global. En attendant, le numéro 10 de ma liste est « Oscar’s Motel » des Cash Box Kings, sorti chez Alligator. C’est donc le jackpot (1) pour les Cash Box Kings, dont le disque fait l’unanimité et qui est peut-être leur meilleur, sachant que les précédents (une dizaine, quand même !) étaient déjà tous remarquables. Une réussite qui repose sur les artistes qui composent le groupe, qui année après année sont parvenus à une osmose qui les place parmi les meilleures formations actuelles, certes à Chicago où ils évoluent, mais dont l’aura est aujourd’hui internationale : Oscar Wilson (chant), Joe Nosek (chant et guitare), Billy Flynn (guitare), John W. Lauler (basse) et Kenny Smith (batterie), auxquels s’ajoute ici la Japonaise Lee Kanehira (claviers).
Les autres points forts du disque ? Une approche naturelle et débridée car il s’agit avant tout de se faire plaisir avec des sujets « légers » dans un monde tourmenté (mon article du 18 février 2023). Mais côté interprétation et réalisation, c’est du sérieux avec tout d’abord un registre très varié même s’il aime toujours revitaliser l’ambiance des années 1950 et 1960, avec en outre de bout en bout des textes originaux (neuf compositions sur onze morceaux) où l’humour domine même pour aborder des thèmes actuels. Enfin, certaines chansons sont rehaussées par des cuivres et quelques invités notables (Deitra Farr, Jon McDonald, John Németh) qui épicent le plat sans jamais l’alourdir. D’autant que nous avons à un véritable festin avec I can’t stand you (sorte de talkin’ blues funky humoristique entre Deitra et Oscar), des titres cuivrés à souhait dans une ambiance plus R&B ou soul blues (Down on the South Side, Hot Little mess, I want what Chaz had avec Németh), She dropped the axe on me qui aurait pu inspirer le rock britannique des sixties, l’amusant « Christmas Rock » Ride Santa ride à la Chuck Berry, sans oublier les deux reprises impeccablement exécutées (Please have mercy et Pontiac blues). Il reste trois chansons, ce sont mes préférées et je vous les propose en écoute :Oscar’s motel (énorme son pour ce shuffle ultralancinant qui condense toutes les qualités du groupe avec des paroles très « sudistes »), Nobody called it the blues (superbe titre churchy qu’Oscar partage avec Cameron Webb au chant) et Trying so hard (blues lent signé Bill Flynn en outre transcendant à la slide).
Dans l’ordre de publication sur ce site, les dix albums de ma liste sont donc : « Ridin’ » par Eric Bibb (Dixiefrog), « Savoy » par Taj Mahal (Stony Plain), « Live At The Gaslight At The Au Go Go » par Furry Lewis (Liberation Hall), « Stuff I’ve Been Through » par Alabama Mike (Little Village), Yellow Peril » par Nat Myers (Easy Eye Sound), « The Memphis Blues Box – Original Recordings First Released 78s and 45s, 1914-1969 » par Various Artists (Bear Family), « Black Bayou » par Robert Finley (Easy Eye Sound), « When the Levee Breaks – The Music of Memphis Minnie » par Candice Ivory, (Little Village), « The Right Man » par D.K. Harrell (Little Village) et « Oscar’s Motel » des Cash Box Kings (Alligator). Et ce n’est pas tout à fait terminé, rendez-vous la semaine prochaine pour un classement complet !
(1). Si cash box kings peut se traduire par « rois du tiroir-caisse », l’origine du nom du groupe vient en fait de la revue Cash Box, spécialisée comme Billboard dans la publication de charts, au faîte de sa popularité dans les années 1950 et 1960. Ce qui ne relève pas du hasard, tant le répertoire de la formation s’inspire du blues de cette époque…
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