Au programme de mon émission sur YouTube, Billie Holiday (rubrique « Un blues, un jour »), et Malted Milk (rubrique « Blues in France »).
Voici une histoire aussi irritante que belle, qui va nous ramener précisément au 12 juin 1967. Ce jour-là, une décision de la Cour suprême oblige tous les États américains à ne plus interdire les mariages mixtes. En effet, aussi incroyable que cela puisse paraître, en 1967, il y a donc à peine plus d’un demi-siècle, les lois de seize États interdisaient encore les unions entre Blancs et personnes dites « de couleur » ! Tout est parti logiquement parti d’un couple, une Noire et un Blanc, Mildred et Richard Loving, qui se marièrent en 1958 à Washington. Mais ils habitaient en réalité la Virginie, un des seize États qui bannissaient les mariages mixtes. Et quand ils revinrent justement en Virginie où ils étaient donc installés, ils furent condamnés à un an de prison pour s’être mariés ! Un détail qui ne s’invente pas et qui mérite d’être souligné, ils portent le nom de Loving, soit aimer, amour…
Bref, les Loving, vous l’aurez compris, ont finalement obtenu la levée de cette interdiction surréaliste. Peu après l’arrêt de la Cour suprême, qui se nomme Loving versus Virginia, soit en gros les Loving contre la Virginie, les mariages mixtes aux États-Unis connurent une forte augmentation. Et depuis, l’événement est commémoré chaque 12 juin à l’occasion de ce que l’on appelle le Loving Day. Même s’il n’est pas reconnu officiellement, la célébration annuelle qui l’accompagne est la plus importante manifestation en faveur de la mixité raciale dans le pays. Vous comprenez sans doute mieux pourquoi j’évoquais une histoire à la fois irritante et belle… Pour illustrer cela en musique, sachant que le sujet est plutôt rarement évoqué dans le blues, j’ai choisi la chanson Can’t Help Lovin’ Dat Man, composée à l’origine pour une comédie musicale de 1927 intitulée Show Boat. Mais elle s’inspire complètement du thème de la mixité raciale, et le tempo lent est particulièrement adapté au blues. Parmi les interprètes de cette chanson, Billie Holiday a réalisé en 1937 une version inoubliable de Can’t Help Lovin’ Dat Man, et je vous propose bien entendu de l’écouter dans mon émission…
Pour « Blues in France », nous allons nous arrêter sur Malted Milk, que l’on ne présente plus. J’ai d’ailleurs l’impression de me répéter, mais cette formation française a vraiment pris une dimension qui dépasse largement nos frontières, et qui l’installe parmi les meilleurs groupes de son époque, et ce sans considération de nationalité. C’est donc bien aussi une fierté toute particulière d’évoquer le parcours et les réalisations de Malted Milk. Bien entendu, s’il en est question aujourd’hui, c’est parce que le groupe vient de sortir un nouvel album absolument superbe chez Mojo Hand, qui s’appelle « Love, Tears & Guns ». Un album qui a obtenu la note maximale dans le numéro 235 de Soul Bag qui normalement sort aujourd’hui, j’écris normalement car je rédige cet article le 4 juin, mais il ne devrait évidemment pas y avoir de problème.
En outre, Soul Bag publie également un portrait sympa du chanteur et guitariste de Malted Milk, Arnaud Fradin, qui nous explique la genèse de l’album. Car le groupe renoue sur ce disque avec la soul et dans une moindre mesure le soul blues, des registres qui lui sont chers depuis de nombreuses années. On retrouve donc la formation au complet, soit, outre Arnaud, Igor Pichon à la basse, Richard Housset à la batterie, Damien Cornelis aux claviers, Maxime Genouel à la guitare, Pierre-Marie Humeau à la trompette et Vincent Aubert au trombone. Je ne m’attarde pas sur l’album lui-même, qui est plébiscité, et vous trouverez facilement la chronique chez des médias confrères dont bien sûr Soul Bag. En revanche, je vous signale que la Release Party à l’occasion de la sortie du CD se déroulera ce soir au New Morning à Paris. J’ai programmé dans mon émission un extrait intitulé Some Tears You Need to Shed.
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