Nouveauté semaine copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Clarence « Pine Top » Smith (rubrique « Un blues, un jour »), et les Texas Horns (rubrique « Nouveauté de la semaine »).

Difficile un 11 juin de ne pas s’arrêter sur Clarence « Pine Top » Smith, au destin tragique car il est mort à seulement 24 ans. Mais commençons par le commencement, comme le veut la formule consacrée. Clarence Smith est donc né le 11 juin 1904 à Troy dans l’Alabama, et il a grandi dans cet État à Birmingham. Autodidacte au piano qu’il apprend à l’adolescence, son surnom s’explique car il aimait grimper aux arbres, pine topdésignant la cime d’un sapin… Il s’est installé en 1920 à Pittsburgh en Pennsylvanie où il a joué dans le circuit du blues classique, accompagnant notamment Ma Rainey. Remarqué par Vocalion au milieu des années 1920, il part cette fois pour Chicago pour enregistrer. Le 29 décembre 1928, il enregistre deux faces dont Pine Top’s Boogie Woogie, un morceau historique.

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© : Discogs

Si la mention du terme « boogie-woogie » était déjà connue à la fin du XIXe siècle, Pine Top devient un des tout premiers à enregistrer un morceau dans le genre, et c’est même la première fois que le terme apparaît dans le titre et les paroles d’une chanson. Son influence sera énorme chez des pianistes comme Albert Ammons et Meade Lux Lewis qui populariseront le boogie-woogie dix ans plus tard. Les paroles de certaines chansons de Ray Charles s’en inspirent sans détour, et ne cherchez pas plus loin d’où vient le surnom de Pinetop Perkins… En janvier 1929, Pine Top revient en studio pour six faces supplémentaires. Mais tout s’écroule deux mois plus tard, le 14 mars 1929, alors qu’il doit enregistrer de nouveaux morceaux le lendemain. Dans une salle de concert où il se produit, une bagarre éclate et il prend une balle en pleine tête. Une balle perdue a priori… Il décède le lendemain. Ainsi disparaît un des pianistes le plus prometteurs de sa génération, à 24 ans donc. J’ai simplement choisi pour mon émission son Pine Top’s Boogie Woogie de 1928.

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Ma nouveauté de la semaine concerne les Texas Horns avec un album sorti chez Severn, « Get Here Quick ». La formation se compose de Mark « Kaz » Kazanoff au saxo ténor et à l’harmonica, John Mills au saxo baryton et Al Gomez à la trompette. Kazanoff est le plus connu des trois et ne compte plus ses collaborations, mais le trio texan n’a pas manqué non plus d’activité ses 20 dernières années. Ensemble, on les retrouve notamment sur des disques de W.C. Clark, Anson Funderburgh, Candye Kane, John Németh et dernièrement le jeune Italien Dany Franchi. Sur ce dernier CD qui fait l’objet de cette rubrique, ils ont de nombreux invités dont Ronnie Earl, Curtis Salgado, John Németh, Carolyn Wonderland, Gary Nicholson, Anson Funderburgh, Russell Jackson, Derek O’Brien, Johnny Moeller et Jonn Del Toro Richardson…

Mais de telles « assemblées » peuvent générer une gêne avec ces intervenants qui se succèdent pour délivrer leurs solos. Car même si les interventions sont brillantes, ces défilés pèchent aussi par manque de vraie ligne directrice ou de spontanéité. Surtout qu’il y a cinq instrumentaux, et hormis 2018, sympa avec ses petits airs afro-cubains, ils ne permettent pas vraiment à l’ensemble de rebondir. Il y a toutefois de bons moments avec d’excellents chanteurs à leur avantage comme Carolyn Wonderland (I’m Doin’ Alright), Gary Nicholson (Fix Your Face, Soulshine) et John Németh (Love Is Gone), même si Curtis Salgado est au-dessus des autres au point d’en être presque indécent sur Sundown Talkin’… Au bilan, de la bonne musique par d’excellents artistes pour un CD très honorable, mais qui aurait gagné avec un peu plus de dépouillement. Je vous propose d’écouter dans mon émission Sundown Talkin’, avec le chant formidable de Curtis Salgado.