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Au tournant des années 1980 et 1990, cette spectaculaire chanteuse de Chicago au chant ultrapuissant effectua plusieurs tournées qui permirent au public européen de profiter de son exubérance. Née Karen Lynn Carroll le 30 janvier 1958 à Chicago, elle pouvait difficilement échapper à un destin lié à la musique. En effet, sa mère n’est autre que la chanteuse et guitariste de jazz Jeanne Carroll, sa marraine la chanteuse de blues Bonnie Lee et son parrain le guitariste de jazz George Freeman ! Dès l’âge de six ans, Karen Carroll chante à l’église, une « formation » gospel qui lui sera très utile dans son parcours. Trois ans plus tard, à neuf ans, elle se produit sur scène, et à quatorze ans elle joue de la guitare dans le groupe de sa mère.

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Elle s’oriente vers le blues à dix-huit ans en jouant dans des clubs du South Side, d’abord au contact d’artistes comme Katie Webster et Albert King, mais elle apparaît pour la première fois sur disque en 1984 sur l’album de Carey et Lurrie Bell, « Son of a Gun » (Rooster). Elle lance véritablement sa carrière en collaborant avec le pianiste-chanteur Professor Eddie Lusk sur son album « Professor Strut » (Delmark, 1989), qui lui permet de tourner et de se faire connaître à l’étranger. Présente sur des réalisations d’autres artistes dont Rudy Rotta (« Blues’ Greatest Hits », Ornament, 1990), Bruce Thompson (« Gospel », Hot Fox, 1992) et Big Jay McNeely (« First Class Blues », Acoustic Music, 1993), Karen Carroll signe son premier disque sous son nom en 1995 « Had My Fun » (Delmark), sur lequel elle s’entoure notamment de Johnny B. Moore à la guitare, Johnny B. Gayden à la basse et Ken Saydak aux claviers.

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Deux ans plus tard, un autre suit toujours chez Delmark, « Talk to the Hand », puis le succès fuit la chanteuse qui ne sort plus rien durant dix ans. De 2007 à 2011, elle sort toutefois cinq albums supplémentaires, hélas pour des labels sans moyens à diffusion très limitée. Elle s’essaie ponctuellement au jazz et continue d’apparaître sur scène, un contexte dans lequel elle doit faire face un drame absolu le 7 août 2011 : alors qu’elle chante à Hamme (Belgique) sur scène avec sa mère, cette dernière s’effondre subitement. Les secours parviennent à la ranimer mais Jeanne Carroll s’éteint deux jours plus tard. Suite à cela, sa fille n’enregistre plus rien et sa santé ne cesse de décliner. Karen Carroll quitte ce monde le 9 mars 2016 à l’âge de cinquante-huit ans. Écoutons-là sur un extrait de son excellent album « Had My Fun », Goin’ down slow, et en public (à la guitare acoustique !) sur un titre plus jazzy, On a clear day.

 

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