Au programme de mon émission sur YouTube, Zora Young (rubrique « Un blues, un jour ») et Nick Moss/Dennis Gruenling (rubrique « Top of Blues »).
La chanteuse Zora Young fête aujourd’hui ses 71 ans et je voulais vraiment m’arrêter sur son parcours car il s’agit à mon sens d’une des meilleures vocalistes de ces trente dernières années, ce que traduit toutefois partiellement sa discographie. Zora Young est donc née le 21 janvier 1948 à West Point. Cette ville située à l’est du Mississippi, non loin de la frontière avec l’Alabama, dira forcément quelque chose aux amateurs de blues. C’est en effet le lieu de naissance d’un certain Howlin’ Wolf… Et il se trouve que Zora Young et le Wolf sont des cousins éloignés ! En outre, toute sa famille s’installant à Chicago au milieu des années 1950, on pourrait croire qu’elle baigna dans le blues très jeune. Mais en fait, pas question pour miss Young de penser au blues dans son enfance, une musique vue d’un mauvais œil par ses parents, elle doit donc se contenter de chanter à l’église. Ce qui aura de toute façon sans doute un effet bénéfique sur sa voix…
À Chicago, Zora Young est toutefois très vite au contact de différents styles musicaux en plus du gospel, dont du blues. Non seulement elle en écoute à la radio, mais elle affirmera avoir également entendu Howlin’ Wolf depuis sa fenêtre ! Certes attirée par le blues, elle n’y viendra pas immédiatement, passant d’abord par le R&B et même la soul. Dans les années 1970, elle se fait progressivement une place sur la scène de la Windy City et côtoie des figures comme Junior Wells, Bobby Rush, Jimmy Dawkins, Lonnie Brooks et même Buddy Guy. Puis elle lance une première fois sa carrière lors d’une tournée européenne intitulée « Blues with the Girls », qu’elle partage avec Big Time Sarah et Bonnie Lee. On découvre alors une vocaliste remarquable qui se distingue de beaucoup de ses paires qui jouent sur la seule puissance. Car si Zora ne manque pas non plus de puissance et même de rage, elle s’en sert surtout avec une belle souplesse pour exprimer toute sa sensualité.
Après l’album éponyme de la tournée, très réussi, « Blues with the Girls » (Paris Album, 1982), elle sort dix ans plus tard un premier disque en tous points remarquable, « Travelin’ Light » (Deluge, 1992), sur lequel elle s’impose avec sa voix superbe au sein de musiciens de très haut niveau : Colin Linden et Charles Baum aux guitares, Jerry Portnoy à l’harmonica, Anthony Geraci et Pinetop Perkins aux claviers, Michael « Mudcat » Ward à la basse et Willie « Big Eyes » Smith à la batterie ! Cela ne lui suffit pourtant pas pour attirer l’attention de labels à plus large diffusion, et elle doit attendre d’autres collaborations, avec Sunnyland Slim, Maurice John Vaughn et surtout le groupe Mississippi Heat, pour étoffer davantage sa discographie.
Désormais chez Delmark, elle signe ainsi d’autres bons albums dont « Tore Up from the Floor Up » (2005) et « The French Connection » (2009) avec les musiciens du Français Bobby Dirninger. Son dernier album à ce jour, « Friday Night » (Elrob, 2015), réalisé avec Little Mike and the Tornadoes, semble également très recommandable, mais je ne l’ai pas écouté… Si elle avait bénéficié d’un groupe régulier à sa disposition, Zora Young aurait sans doute laissé une trace plus profonde dans le blues contemporain, mais ce n’est pas une raison pour négliger ce qu’elle a fait. Pour mon émission, j’ai choisi un beau blues lent tiré de l’album « Tore Up from the Floor Up » (avec déjà Bobby Dirninger, ici à la slide), Two Trains Running.
Dans le cadre de la rubrique « Top of Blues » du lundi, j’évoque aujourd’hui la liste des nominés des Blues Music Awards, récemment dévoilée par la Blues Foundation. Les récompenses seront remises à Memphis le 9 mai prochain. Vingt-six catégories sont concernées, et la liste complète des nominés se consulte sur le site Internet de la Blues Foundation. Pour ma part, je consacrerai plusieurs rubriques « Top of Blues » à d’autres artistes nominés dans les prochaines semaines en vue de la cérémonie du mois de mai. Pour commencer, voici les cinq élus de la catégorie album de l’année : Shemekia Copeland, le duo composé de Nick Moss et Dennis Gruenling, le trio réunissant Joe Louis Walker, Bruce Katz et Giles Robson, un autre duo comprenant cette fois Curtis Salgado et Alan Hager, enfin Anthony Geraci. Personnellement, j’ai été très impressionné par l’album de Nick Moss et Dennis Gruenling sorti chez Alligator,« The High Cost of Low Living ». Pour illustrer cela, j’ai choisi un morceau particulièrement dynamique en public du guitariste et de l’harmoniciste, Rockin’ Daddy.
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