Les temps du gospel copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Tommy Bankhead (rubrique « Un blues, un jour ») et The War and Treaty (rubrique « Les temps du blues »).

Bankhead 1

© : Discogs

Le chanteur et guitariste Tommy Bankhead nous a donc quittés le 16 décembre 2000, à l’âge de 69 ans. Il fait partie de ces bluesmen aujourd’hui un peu négligés des chroniqueurs malgré un talent assez original, et bien qu’il fût une figure du blues de Saint-Louis. Bankhead voit le jour le 24 octobre 1931 à Lake Cormorant dans le Mississippi, à l’extrême nord du Delta et donc aux portes de Memphis. Dans cette région également proche d’Helena, dont nous savons qu’elle fut propice au développement du blues dès les années 1930, Bankhead se trouve très tôt au contact de bluesmen bien connus pour leur activité dans cette région, d’abord Woodrow Adams et Howlin’ Wolf, puis Joe Willie Wilkins, Sonny Boy Williamson II et Elmore James. À ses débuts, il apprend à jouer de la guitare, de l’harmonica, de la basse et de la batterie, des instruments qui lui permettent de s’exprimer seul, en one-man band.

Bankhead 2

© : BluesFan

En 1949, il s’installe à East Saint Louis, où il rencontre Floyd Gilmore et Jessie Davis. Dans les années 1950, il parvient à monter son propre groupe, les Landrockers, mais il ne vit pas que de la musique et exerce pendant une vingtaine d’années le métier de shérif adjoint. Il côtoie et jour au fil des décennies avec de nombreux bluesmen qui ont fait la belle scène de cette ville, dont Henry Townsend, Oliver Sain, Ike Turner, Little Milton, Albert King, Big George Brock et Clara McDaniel. Pendant dix-sept ans, il se distingue aussi à la tête de son autre groupe, les Blues Eldorados, avec lesquels il enregistre en 1983 un superbe album, simplement appelé « Tommy Bankhead and the Blues Eldorados ». Sa belle voix de tête très caractéristique et sa guitare incisive auraient dû lui permettre d’enregistrer davantage, mais il ne réalisera que deux autres albums au début des années 2000, dont un sortira même après sa mort en décembre 2000. J’ai choisi pour mon émission un très beau blues lent tiré de son premier album de 1983, qui s’appelle Please Mr. Foreman.

Bankhead 3

© : BluesFan

Bankhead a sorti trois albums. Si le premier me semble supérieur, les trois méritent à mon sens l’attention et donnent un bel aperçu de ce bluesman sous-estimé : « Tommy Bankhead and the Blues Eldorados » (Deep Morgan, 1983), « Message To St. Louis » (Fedora, 2000) et « Please Accept My Love » (Fedora, 2002).

 

War 1

Pour la rubrique gospel du dimanche, j’ai eu envie de vous faire découvrir une formation très originale, The War and Treaty, qui vient de sortir un album chez Strong World Entertainment, « Healing Tide ». Ce n’est pas à proprement parler un groupe de gospel, mais ce style est très présent sur le CD, en termes d’esprit et d’interprétation, avec en outre des harmonies vocales et des arrangements particulièrement soignés. L’ensemble repose sur d’ailleurs sur deux remarquables vocalistes, Tanya Trotter et son mari Michael, Jr., qui s’occupe aussi des claviers et des compositions. En 1993, alors qu’elle n’avait que 16 ans, Tanya Trotter, qui s’appelait alors Blount, apparut dans le film Sister Act 2. Elle est donc aujourd’hui l’épouse de Michael Trotter, Jr., qui, durant la guerre d’Irak, composait des chansons en hommage aux soldats tombés au combat. C’est leur premier album complet après un EP sorti l’an dernier, « Down To The River ».

War 2

© : www.thewarandtreaty.com

J’étais très enthousiaste dans ma chronique de leur album dans le numéro 232 de Soul Bag, et je reprends ici en partie mes impressions… Ce n’est donc pas que du gospel, mais quand c’est le cas c’est remarquable, comme sur Love like there’s no tomorrow, dépouillé et a cappella, ou sur les très vifs Healing tide et Jeep Cherokee Laredo. Il y a aussi des titres plus orientés vers la soul, comme Are you ready to love me?, avec la pureté du chant de Tanya soulignée d’arrangements originaux, et If it’s in your heart, avec les deux leaders impressionnants au chant. Dans des styles encore différents, il ne faut pas négliger Here is where the loving is at (country folk avec dobro, violon et Emmylou Harris en invitée !) et All I wanna do et son étonnante « bataille » slide/saxo baryton…Et le reste est à l’avenant ! Bref, c’est rafraîchissant, varié et très bien produit, on ne s’ennuie pas une minute et on ne voit pas le temps passer. J’ai choisi pour mon émission le très enlevé Jeep Cherokee Laredo.