Nouveauté semaine copie

Au programme de mon émission sur YouTube, Barbecue Bob (rubrique « Un blues, un jour ») et Paul Oscher (rubrique « Nouveauté de la semaine »).

J’ai souhaité évoquer un événement survenu le 18 décembre 1917 aux États-Unis, il y a tout juste 101 ans. Ce jour-là, sur proposition du Congrès la veille, le Sénat américain adopte le XVIIIe amendement sur la Prohibition, qui interdit la fabrication, la vente et l’achat des boissons alcoolisées (au-dessus de 0,5 % d’alcool) dans tout le pays. Les trois quarts des États américains devaient ensuite le ratifier, ce qui sera fait le 16 janvier 1919. La Prohibition sera effective un an plus tard, le 17 janvier 1920, et restera en vigueur jusqu’au 5 décembre 1933, date cette fois de la ratification du XXIe amendement. Si j’ai décidé de m’arrêter là-dessus dans « Les Temps du Blues », c’est d’abord parce que la Prohibition s’est appliquée durant toutes les années 1920, ce qui correspond à la période des premiers enregistrements des pionniers des différents styles de blues originel : blues classique, Delta Blues, blues texan, de la Côte Est, de Memphis… Ensuite, parce que l’alcool est un thème très présent dans le blues, et qu’il est souvent à l’origine de chansons humoristiques ou à double sens… Sans compter que la Prohibition, extrêmement restrictive, aura notamment pour effet de générer un circuit parallèle de contrebande… Dès lors, certains breuvages produits clandestinement seront de très mauvaise qualité et auront de graves conséquences sur la santé publique, surtout chez les plus pauvres. Et là encore, on retrouve ces sujets dans les compositions des bluesmen… Il existe d’innombrables blues qui parlent d’alcool, de toutes les époques et par tous les bluesmen, les plus célèbres comme les moins connus. J’en ai pris un évidemment enregistré pendant la Prohibition, en 1929. On le doit au chanteur et guitariste slide Robert Hicks, mieux connu sous le nom de Barbecue Bob. Ça s’appelle Me and My Whisky.

 

Barbecue Bob 3

Barbecue Bob. © : Jas Obrecht Music Archive.

 

Oscher 3

© : Daniel Léon.

Ma nouveauté de la semaine est consacrée à Paul Oscher, qui vient de sortir un nouveau CD chez Blues Fidelity, intitulé « Cool Cat ». Né à New York le 5 avril 1950, Oscher est connu pour avoir été l’harmoniciste de Muddy Waters de 1967 à 1972, mais c’est un multi-instrumentiste. Outre l’harmonica, il joue de la guitare, il est notamment excellent à la slide, et du piano, instrument qui est d’ailleurs mis en avant sur ce nouvel album. C’est enfin un chanteur convaincant doté d’une voix expressive jamais forcée. J’ai globalement toujours aimé ce que faisait Oscher car il parvient à installer un climat bien à lui, un peu feutré et intimiste, mais il est capable d’ajouter beaucoup l’intensité avec du feeling quand il en faut. Sur ce disque, il privilégie surtout le piano, ce que je regrette un peu car je le trouve moins transcendant, et il se disperse un peu avec un ou deux titres jazzy sur lesquels il tombe un peu dans la démonstration : par exemple, la version longue de la chanson titre, Cool Cat, est une suite un peu fastidieuse de solos. Mais il y a également pas mal de bons moments. Je pense au morceau d’ouverture, Money Makin’ Woman, sorte de rumba sympa avec son sax baryton. Ou à une lecture originale et poisseuse de Rollin’ and Tumblin’avec ses chœurs, et au bel hommage très Delta Blues à James Cotton, Ain’t That a Man, bien écrit dans le genre. Il y a aussi des blues estampillés Chicago Blues années 1950 assez intéressants, comme Dirty Dealin’ Mamasur lequel on entend une Lavelle White bien en voix alors qu’elle a 89 ans ! En résumé c’est du Paul Oscher, il faut entrer dans son univers. Il a sans doute fait mieux, mais c’est un CD plaisant, personnel et dans l’esprit. Je vous propose d’écouter dans mon émission l’hommage à James Cotton, Ain’t That a Man, traité à la Muddy Waters…