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Au programme de mon émission sur YouTube, le Unique Quartette (rubrique « Un blues, un jour ») et Peter Conrad (rubrique « Blues in France »).

Le 19 décembre 1890 restera dans l’histoire des musiques afro-américaines. Avant cette date, George Washington Johnson (1846-1914) était devenu le premier Afro-Américain à enregistrer, en 1877, soit l’année de l’invention du phonographe par Thomas Edison ! Une séance toutefois incertaine et qui ne sera pas suivie d’une édition des titres. Quelque part entre janvier et mai 1890, Johnson grave cette fois de nouveaux titres édités commercialement, mais la date exacte demeure imprécise. En revanche, le 19 décembre 1890, le Unique Quartette devient bien à New York le premier groupe identifié à enregistrer des morceaux de musique afro-américaine, en l’occurrence des negro spirituals, mais aussi le premier dont on a retrouvé à la fois le nom et la date précise des enregistrements ! Bien entendu, il ne s’agit pas encore de disques mais de cylindres, réalisés par la New York Phonograph Company. Les titres des chansons ne sont pas connus d’autant qu’il ne subsiste à ce jour aucun exemplaire de ces cylindres, mais les noms des quatre chanteurs qui composaient la formation nous sont parvenus : Samuel G. Baker (chant), V. E. Carsons (baryton), Joseph M. Moore (lead) et William H. Tucker (ténor). Selon Tim Brooks (Lost Sounds: Blacks and the Birth of the Recording Industry, 1890-1919, University of Illinois Press, 2005), les musiciens ont perçu 8 dollars pour cette session initiale…

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© : Various Artists – Topic

Le Unique Quartette continuera d’enregistrer les années suivantes et leurs plus anciens cylindres disponibles datent de fin 1893, probablement en novembre, avec notamment Mamma’s black baby boy qui est le plus ancien negro spiritual dont nous disposions (cylindre Edison 694), mais également de 1894. Les exemplaires originaux sont évidemment rarissimes mais les titres ont été réédités sur différentes compilations. J’ai eu l’occasion de les écouter, ils sont relativement audibles même s’il s’agit d’une musique très archaïque. Pour mon émission, j’ai choisi un titre à peine plus récent (il date du 18 novembre 1896), mais il bénéficie d’une qualité sonore correcte si on tient évidemment compte de l’époque. De toute façon, il faut aborder cela comme un véritable document historique ! La chanson s’intitule Who broke the lock.

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© : Discogs

Pour aller plus loin, la compilation « Lost Sounds – Blacks And The Birth Of The Recording Industry 1891-1922 » (Archeophone, 2005) offre en 2 CD et 54 titres un excellent panorama de ces enregistrements pionniers, avec bien entendu le Unique Quartette et George Washington Johnson.

 

Comme chaque mercredi, la deuxième partie de mon émission est dédiée au blues français. Ce sera aussi une nouveauté car l’artiste concerné vient également de sortir un album, intitulé « Blues à gogo ». Il s’agit de Peter Conrad, chanteur, harmoniciste et compositeur, un personnage expérimenté de l’univers du blues français, qui dit tout dans la courte phrase présente sur la page d’accueil de son site Internet : « Une vie de blues. » En outre, Peter ne se contente pas de chanter du blues en France, il le fait aussi en français car il écrit donc ses textes dans notre langue. Ceci dit, cela ne l’a pas empêché de « bourlinguer » et de partir en quête d’inspiration sur les terres originelles du blues, aux États-Unis. Peter joue également dans le groupe Bleu Nuit avec deux guitaristes-chanteurs, René Norbert et Gérard Cintra, et tous les trois seront après-demain 21 décembre en concert au Garance, 16 rue des Maraîchers, dans le 20eà Paris (tél. : 09 51 31 82 50). Mais comme je l’ai dit en début d’article, Peter Conrad a aussi sorti un nouvel album, intitulé « Blues à gogo », et j’ai justement retenu pour mon émission la chanson qui donne son titre au disque.

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