Au programme de mon émission sur YouTube, Sylvester Jones & Wallace Chains (rubrique « Un blues, un jour »), et The Texas Mass Choir (rubrique « Les temps du gospel »).
J’ai consacré une émission et un article le 26 janvier 2019 à John Lomax à l’occasion des 71 ans de sa disparition le 26 janvier 1948, dans lesquels je m’arrête sur sa biographie, je vous invite donc à vous y reporter si vous souhaitez plus de détails. Je l’évoque à nouveau aujourd’hui car il fut sans doute le plus célèbre collecteur de folklore de son époque, et j’ai l’occasion de m’attarder un peu sur une des campagnes annuelles de terrain qu’il mena pour la Bibliothèque du Congrès de 1933 à 1942, avec sa femme Ruby avant d’intégrer progressivement son fils Alan. Elles sont d’autant plus importantes qu’elles firent une belle place au blues, permettant la découverte ou la redécouverte d’artistes comme Lead Belly, Son House, Muddy Waters, Honeyboy Edwards, et de dizaines d’autres bien moins connus mais néanmoins talentueux. Lomax organisait chaque année de longues campagnes qui duraient des mois.
Il se trouve que celle de 1939 a commencé le 31 mars à Port Aransas au Texas pour s’achever le 14 juin à Washington après un parcours de près de 10 500 kilomètres. Il s’agit déjà d’un chiffre édifiant, mais le résumé qui introduit le rapport détaillé sur le site de la Bibliothèque du Congrès en livre d’autres qui donnent une idée de l’ampleur de la tâche. Utilisant du matériel à l’arrière et dans le coffre de leur voiture, les Lomax ont réalisé 686 enregistrements sonores sur 267 disques portant sur plus de 300 artistes et représentant 25 heures de musique, auxquels il faut ajouter 307 pages de notes de terrain et les mentions manuscrites sur les pochettes des disques. Ils ont visité le Texas, la Louisiane, l’Arkansas, le Mississippi, l’Alabama, la Floride, la Caroline du Sud et la Virginie. La Bibliothèque du Congrès a conservé le rapport détaillé de cette mission qui compte pas moins de 223 pages. Tout était scrupuleusement noté, les dates, les noms des lieux, ceux des musiciens et des groupes, les styles de musique, les titres et l’origine des morceaux, les transcriptions des paroles des chansons…
À l’époque, les Lomax trouvaient énormément de bluesmen à enregistrer dans les établissements pénitentiaires car avec la ségrégation on envoyait les Noirs derrière les barreaux, dans des camps de travail ou des fermes pénitentiaires, pour les prétextes les plus futiles. On n’ose imaginer combien de carrières discographiques potentielles ont été tuées dans l’œuf à cause de cette répression. En tout cas, Lomax a rassemblé avec ces collectes des témoignages extrêmement précieux dans tous les styles de musique folklorique de l’époque, et même si bon nombre de ses enregistrements n’ont jamais été édités commercialement, ce sont de véritables raretés souvent d’une grande qualité artistique. Pour preuve, les deux artistes que j’ai retenus pour mon émission, Sylvester Jones et Wallace Chains. John Lomax les a enregistrés lors de sa campagne de 1939, le 23 avril, à la ferme-prison d’Otey au Texas. Ça s’appelle Smoky Mountain Blues.
Pour la page gospel du dimanche, après Alan Lomax et ses enregistrements de terrain qui avaient un côté informel même s’ils étaient évidemment réalisés avec le plus grand sérieux, je vous propose de rester dans une ambiance un peu similaire avec une chorale, la Texas Mass Choir. En outre, ce que nous allons écouter date également d’un 31 mars, mais c’est beaucoup plus récent car cela va seulement nous ramener sept ans en arrière, le 31 mars 2012. Attention toutefois, même si elle n’est pas très connue par chez nous, cette chorale texane de gospel est active dans tout l’État où elle est une institution. Elle est d’ailleurs représentée dans une douzaine de grandes villes du Texas dont Austin, Dallas, Fort Worth, Houston et San Antonio.
Elle enregistre aussi des disques, certes pas très diffusés en Europe, et organise des événements dont des ateliers. En plus, elle fête cette année son trentième anniversaire avec nouvel album, « Generations of Praise ». Comme je le disais plus haut, j’ai donc choisi de vous la faire découvrir dans une ambiance un peu informelle et débridée, on est vraiment en prise directe sur le vif dans une église d’Austin. Rien à voir avec l’atmosphère d’un studio ou même d’une scène de concert ou de festival, c’est tout en spontanéité et en ferveur, ça se passe de cette façon dans les églises chaque dimanche aux États-Unis, on a l’impression d’y être… Et dès lors, au niveau musical et instrumental, c’est remarquable et même impressionnant avec l’écho renvoyé par l’église. Le morceau que j’ai programmé n’a pas de titre mais c’est sans importance…
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