En tournée

Au programme de mon émission sur YouTube, Joe Pullum et Lester Melrose (rubrique « Un blues, un jour »), et le Reverend Peyton’s Big Damn Band (rubrique « En tournée »).

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De gauche à droite : Ernest « Little Son Joe » Lawlars, Big Bill Broonzy, Lester Melrose, Roosevelt Sykes et St. Louis Jimmy Oden. Au premier plan : Washboard Sam. Chicago, vers 1940. © : Courtesy Yannick & Margo Bruynoghe Collection / Paul Merry Blues

Cela fait 51 ans que Lester Melrose nous a quittés, le 12 avril 1968, à l’âge de 76 ans. Actif à Chicago, il fut assurément l’un des premiers producteurs importants du blues, dès les années 1930 pour des marques notables : RCA Victor, Paramount, Vocalion, Columbia et OKeh, mais on le connaît bien sûr pour son rôle chez Bluebird. Melrose est né le 14 décembre 1891 à Sumner, une localité au sud-est de l’Illinois, en fait pratiquement à mi-chemin entre Saint-Louis et Indianapolis. Mais c’est bien à Chicago qu’il s’installe en 1914, où il débute dans le business de la musique avec son frère Walter au tournant des années 1920, dans la vente de disques mais aussi dans l’édition de partitions, une activité alors très développée. Puis Lester Melrose se lance seul vers 1925, quand les marques discographiques commencent à envoyer dans le Sud des talent scouts pour trouver des musiciens ruraux, le blues étant en bonne place dans cette quête. Même s’il travaillera plutôt à Chicago en accueillant les musiciens…

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Avec Tampa Red. © : Pinterest.

En 1928, il contribue à la première session du duo Tampa Red/Georgia Tom pour Paramount, mais avec la création de Bluebird en 1932, il prend une autre dimension. La crise est alors bien présente et impose de faire des économies. Dans ce but, Melrose privilégie une sorte de groupe maison dont les membres les plus connus sont Big Bill Broonzy, Tampa Red, Washboard Sam et Jazz Gillum, pour citer les plus notoires. Ainsi, les musiciens participent à des séances au cours desquelles ils enregistrent selon plusieurs formules, individuellement, en duo ou en petites formations en s’accompagnant les uns les autres. Et ces petites formations apparaissent aujourd’hui essentielles : pionnières dans le blues, avec des emprunts au vaudeville et au jazz, elles génèrent une musique plus légère et décontractée que le blues rural. C’est le blues urbain, ou Bluebird Beat car Bluebird avait alors presque un monopole, qui malgré des bases jazzy, influencera aussi le R&B et même le rock ‘n’ roll, plus que le blues moderne de Chicago des années 1950 qui puise davantage ses origines dans le blues rural du Sud.

Après environ 700 faces réalisées, Bluebird cessera de produire des disques en 1945 à la fin la Seconde Guerre mondiale. Dès la seconde moitié des années 1940, RCA Victor rééditera quelques disques Bluebird, mais avec l’avènement du blues moderne évoqué plus haut, l’aventure s’arrêtera là. Bien entendu, de nos jours, on retrouve des enregistrements Bluebird sur une multitude de compilations et autres anthologies. Quant à Melrose, fortune faite car il s’est approprié des centaines de compositions alors qu’il ne savait ni lire ni écrire la musique, il prendra sa retraite au début des années 1950 et décédera donc en 1968 à 76 ans. Bluebird et Melrose n’ont pas enregistré que des bluesmen de Chicago, et dans mon émission, je vous propose d’écouter le chanteur texan Joe Pullum, entouré comme le voulait la tradition maison d’un petit groupe. Mais le plus étonnant chez Pullum, c’est sa voix, je vous laisse la surprise si vous n’avez pas vu l’émission… Ça date de 1936 et ça s’appelle Bedroom Blues.

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© : YouTube

 

Je vous propose de partir maintenant en tournée avec le Reverend Peyton’s Big Damn Band, qui se produira lors de six dates en France entre fin avril et début mai. Ce groupe est en fait un trio composé du Reverend J. Peyton au chant et à la guitare, de sa femme Elizabeth Breezy au washboard et de Max Senteney aux percussions. Ils nous viennent de l’Indiana et leur musique est très ancrée dans la tradition du Country Blues sudiste mais elle est également un peu déjantée et même souvent imprévisible, surtout sur scène. Ils cultivent le second degré, ne se prennent pas au sérieux et ne souhaitent sans doute pas qu’on les prenne au sérieux. D’ailleurs, pour vous donner une idée de leur humour et de leur approche, il suffit de lire leur biographie sur leur site Internet, où ils démontrent un sens certain de la formule en expliquant que leur musique emprunte autant à ZZ Top qu’à Bukka White. Avec eux, on peut dire que l’expression « faire du neuf avec du vieux » prend tout son sens et n’est pas galvaudée.

The Reverend Peyton's Big Damn Band

© : David Brendan Hall / Austin Chronicle

Le groupe est actif depuis une quinzaine d’années et compte à ce jour une douzaine d’albums, le dernier datant d’octobre 2018 et s’appelant « Poor Until Payday », sur son propre label Family Owned Records. Les membres du trio sont également réputés pour leurs tournées incessantes et on leur prête entre 250 et 300 concerts par an, autrement dit ils sont bien rôdés ! Mais voici maintenant leurs 6 dates en France : ils seront le 25 avril à Romans-sur-Isère, le 26 avril à Bain-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) pour le festival Bain de Blues, le 27 avril à Massy (Essonne), le 28 avril à Beaumont-en-Véron (Indre-et-Loire), le 2 mai à Toulouse (Haute-Garonne) et le 3 mai à Istres (Bouches-du-Rhône). Si vous ne les connaissez pas, je vous propose de les découvrir dans mon émission avec un extrait sur scène en 2017 au Borderline à Londres, un boogie très débridé avec « grosse » voix et slide incendiaire… Ça s’appelle My Old Man Boogie.

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