Au programme de mon émission sur YouTube, Sara Martin (rubrique « Un blues, un jour »), et Nico Duportal (rubrique « En tournée »).
Nous allons parler aujourd’hui de Sara Martin, qui nous a quittés le 24 mai 1955, il y a 64 ans. Cette chanteuse figure parmi les plus prolifiques, et donc les plus importantes, chanteuses du blues classique des années 1920, dont il n’est jamais vain de rappeler qu’il s’agit de la première forme de blues enregistré. En outre, Sara Martin est née à Louisville au Kentucky le 18 juin 1884, ce qui n’est pas anodin. En effet, cela signifie qu’elle a vu le jour avant les autres grandes chanteuses de blues classique, elle a par exemple dix ans de plus que Bessie Smith, et même deux de plus que Ma Rainey, en quelque sorte une des plus « anciennes » si on peut s’exprimer ainsi. Dès lors, Sara Martin avait forgé son style vocal issu du blues avant ses paires, et elle se produisait déjà sur le circuit des théâtres de vaudeville (on parle aussi de Vaudeville Blues pour désigner le blues classique) avant la Première Guerre mondiale.
Elle avait donc déjà 38 ans quand elle a enregistré ses premiers disques en 1922. Jusqu’en 1928, elle va graver près de 100 faces, comme les autres chanteuses de blues classiques essentiellement au sein de formations de jazz, surtout dans l’orchestre de Clarence Williams, mais on en relève aussi quelques-unes avec W.C. Handy. Parmi ses nombreux accompagnateurs dans ces formations, il faut également souligner les noms d’artistes comme Sidney Bechet, Porter Grainger, Buddy Christian, Barney Bigard, Richard M. Jones et King Oliver. Un parcours sans réelle originalité pour une chanteuse dans ce style à cette époque, mais Sara Martin va participer le 24 octobre 1923 à une session historique. Avec le guitariste Sylvester Weaver, elle va en effet enregistrer deux titres pour une sorte de triple première : c’est la première fois qu’une chanteuse est seulement accompagnée d’un guitariste rural, c’est aussi la première fois qu’un bluesman joue de la slide sur disque, et ce sont donc les deux premiers morceaux de blues rural (ou Country Blues) de l’histoire !
Martin et Weaver réenregistreront encore quelques titres ensemble dans cette même veine fin 1923, puis d’autres en 1924 et 1925. Sara Martin chantera également dans un jug band en 1924, avec notamment le multi-instrumentiste et chef d’orchestre Clifford Hayes, originaire comme elle du Kentucky. Après 1928, elle va faire des tournées jusqu’en Caraïbe et continuer de se produire sur le circuit des théâtres de vaudeville. À partir du début des années 1930, sans que cela se traduise sur disque, elle a aussi travaillé avec Georgia Tom (Thomas A. Dorsey), qui confirmera lui-même qu’elle chantait donc également du gospel après sa carrière dans le blues. Vivant toujours au Kentucky, Sara Martin s’est ensuite éloignée de la musique pour gérer une maison de retraite. J’ai bien sûr choisi pour mon émission un morceau du 24 octobre 1923 avec Weaver, un vrai document car c’est donc un des deux premiers blues ruraux, I’ve Got to Go and Leave My Daddy Behind.
On va évoquer des musiciens français pour cette rubrique « En tournée », et plus précisément Nico Duportal & the Sparks, qui nous proposent des dates qui commencent en cette fin de mois de mai. Mais le plaisir se prolongera tout l’été et nous conduira même jusqu’à l’automne prochain ! Ces dernières années, on a vu le chanteur et guitariste se produire avec ses Rhythm Dudes, et il a récemment fait équipe avec Benoît Blue Boy. Nico poursuit désormais sa brillante carrière pleine de swing et de dynamisme avec les Sparks, composés d’Olivier Cantrelle aux claviers et aux chœurs, d’Alex Bertein et Sylvain Téjérizo aux saxos baryton et ténor, d’Abdell B. Bop à la basse et de Pascal Mucci à la batterie et aux chœurs.
Bien, je ne tarde pas plus pour vous donner les dates car elles sont nombreuses : Nico Duportal & the Sparks seront donc le 31 mai au Jazz Festival de Munster (Haut-Rhin), le 6 juin à Blues sur Suresnes (Hauts-de-Seine) et le 7 à Blues sur Availles (Vienne), ces deux dernières dates avec Benoît Blue Boy, le 16 à Villeneuve-d’Ascq (Nord) et le 28 à Ameno en Italie, le 5 juillet à Gaildorf en Allemagne, le 12 au Cahors Blues Festival (Lot), le 24 au Motorbeach Festival à Caravia en Espagne, le 25 à Albi (Tarn) pour le festival Place aux Artistes, le 10 août au festival de Zelzate en Belgique et le 11 au Celebration Days Festival à Cernoy (Oise). D’autres dates plus éparses sont annoncées les mois suivants (le 13 septembre à Mantes-la-Jolie, les 20, 22 et 23 novembre au Blanc-Mesnil, à Paris et à Lomme), mais on peut légitimement penser que d’autres s’ajouteront dans les semaines et mois qui viennent. D’autant qu’un album est également prévu pour la fin de cette année 2019, et nous y reviendrons forcément… Dans mon émission, j’ai programmé Nico Duportal avec Benoît Blue Boy en septembre 2017 lors du Blues Café Live à L’Isle-d’Abeau dans l’Isère. Ça s’appelle Tu m’as laissé tomber.
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