Au programme de mon émission sur YouTube, Lafayette Leake (rubrique « Un blues, un jour »), et le Taylor Made Blues Band (rubrique « Sur scène »).
Le pianiste et chanteur Lafayette Leake aurait eu 100 ans tout juste aujourd’hui, il est en effet né le 1erjuin 1919 à Winona dans le Missouri. Comme il n’aimait pas se mettre en avant, on ne sait quasiment rien de ses premières années et il n’enregistrera que très peu sous son nom. Mais c’est un artiste sur lequel je tenais vraiment à m’arrêter car c’est un des tout meilleurs pianistes de sa génération, mais aussi un des plus importants de l’âge d’or du blues dans les années 1950, puis du West Side Sound durant la décennie suivante. Pendant toute cette période, il a accompagné un nombre considérable de grands bluesmen, en particulier pour le label Chess dont il fut en quelque sorte le pianiste maison. Il a débuté au sein du Big Three Trio de Willie Dixon, remplaçant le pianiste Leonard « Baby Doo » Caston après son départ fin 1952. Cela marque le début d’une longue collaboration avec Dixon et le label Chess.
En outre, il a joué un rôle dans le rock ‘n’ roll car il fut le pianiste de Chuck Berry durant de longues années, jouant sur de grands succès de Berry, dont son tout premier en 1955, Maybellene, puis sur Rock And Roll Music, Little Queenie, Johnny B. Goode, Sweet Sixteen ou encore Brown Eyed Handsome Man. Parallèlement, il accompagne à peu près tous les grands bluesmen de Chicago des années 1950 aux années 1970. Bien entendu, en tant que musicien de session, et comme nous le savons personnage qui aimait la discrétion, Lafayette Leake n’a pas une discographie à la hauteur de son immense talent. Il n’a même fait que deux albums complets, et 1978 et en 1983, qui sont d’ailleurs sortis sur des labels français : « Feel So Blue » (Black and Blue) et « Big Piano Man » (Blue Phoenix). Deux opus sur lesquels de grands musiciens l’accompagnent : John Littlejohn (g), Nick Holt et Bob Stroger (b), Fred Below et Odie Payne (dm)…
Encore une précision car on ne le sait pas nécessairement, mais en plus d’être un superbe pianiste et un chanteur plus que compétent, Leake était également un compositeur reconnu. D’ailleurs, quand il travaillait pour Chess, il était plus ou moins le bras droit de Willie Dixon, comme on le sait spécialiste de l’écriture des paroles… Son influence fut réelle et le groupe britannique Fleetwood Mac par exemple reprendra une de ses compositions. On verra Lafayette Leake lors de nombreuses tournées importantes, comme celles de l’American Folk Blues Festival, avec les Chicago Blues All-Stars de Willie Dixon, ou encore avec Chuck Berry jusque dans les années 1980… Il nous a quittés le 14 août 1990 à 71 ans. Je vous propose de l’écouter dans mon émission avec un extrait de son premier album de 1978, « Feel So Blue », entouré de John Littlejohn à la guitare, de Nick Holt à la basse, qui n’est autre que le frère de Magic Slim, et de Fred Below à la batterie. Et c’est la chanson-titre, Feel So Blue.
Pour la rubrique « Sur scène », j’ai choisi l’extrait d’un concert du Taylor Made Blues Band, qui nous ramène tout juste un an en arrière, donc au 1er juin 2018. Cela nous offre en outre l’occasion de nous rendre à Clarksdale, dont on peut dire qu’il s’agit de la capitale du Delta Blues. Notre concert se passe précisément au Ground Zero Blues Club, créé par l’acteur Morgan Freeman, grand amateur de blues qui a vécu à Greenwood dans le Delta. Le Taylor Made Blues Band est le groupe du chanteur et guitariste Mick Kolassa. Le nom du groupe vient de la localité où il vit, qui s’appelle Taylor et qui se trouve près d’Oxford, au nord du Mississippi. Memphis n’est pas très loin non plus et ces artistes sont donc actifs dans cette région.
Kolassa est impliqué dans le monde du blues depuis longtemps, depuis un demi-siècle en fait, et il a notamment fait partie du conseil d’administration de la Blues Foundation à Memphis, une institution qui lui tient à cœur et à laquelle il reverse les bénéfices des ventes de ses disques. À ce jour, en solo ou avec le Taylor Made Blues Band, il a enregistré une demi-douzaine d’albums. C’est du blues généralement électrique mais au travers duquel on perçoit bien l’inspiration traditionnelle. La vidéo que j’ai choisie pour mon émission rappelle quelque chose et nous offre une scène assez amusante mais surtout révélatrice : elle prouve en effet que l’on peut porter de longues barbes et faire du blues de qualité. Mais redevenons sérieux, je vous invite à écouter le Taylor Made Blues Band en public au Ground Zero Blues Club, avec un morceau simplement intitulé Trouble.
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