Alors oui, j’aurais pu m’arrêter sur la grande Koko Taylor, née le 28 septembre 1928, qui aurait donc eu quatre-vingt-treize ans aujourd’hui. Mais j’aurais bien d’autres occasions d’évoquer la chanteuse de blues la plus influente de sa génération… J’ai donc choisi Houston Stackhouse, chanteur et guitariste né le 28 septembre 1910 à Wesson, une soixantaine de kilomètres au sud de Jackson, la capitale du Mississippi. Mais il entame une remontée vers le nord et grandit d’abord à Crystal Springs, où il aurait notamment fréquenté dans les années 1930 Robert Johnson, dont la ville natale, Hazelhurst, est proche. Stackhouse est aussi un admirateur de Tommy Johnson, qui vécut longtemps à Crystal Springs et dont il reprendra souvent les chansons en adoptant son falsetto caractéristique au chant. Sans être un instrumentiste émérite, même si son jeu économe est bien ancré dans la tradition du Delta, il enseigne la guitare à Robert Nighthawk (qui s’appelle encore Robert Lee McCoy à l’époque), qui, nous le savons, deviendra ensuite un des plus beaux stylistes de la slide.
En 1946, Stackhouse et Nighthawk montent ensemble bien plus au nord jusqu’à Helena, Arkansas, où la scène blues est particulièrement développée. Les deux hommes se séparent et Stackhouse se produit dans la fameuse émission King Biscuit Time de la radio KFFA, avec James « Peck » Curtis à la batterie, Pinetop Perkins au piano et Joe Willie Wilkins à la guitare (qui sera un compagnon de route fidèle durant de longues années), et même un peu plus tard Sonny Boy Williamson II. Après avoir appris des plans à la guitare à des bluesmen de Chicago comme Sammy Lawhorn et Jimmy Rogers (excusez du peu !), il travaille chez Chrysler* sans réellement chercher à vivre de sa musique. Au milieu des années 1960, il accompagne Sonny Boy Williamson II puis son vieux compère Robert Nighthawk. Peu après, les musicologues George Mitchell (qui sort un « single » de quatre titres, « The George Mitchell Collection Vol 4) et David Evans l’enregistrent. À partir de 1970, Stackhouse vit à Memphis chez Joe Willie Wilkins. Après quelques tournées dont une en Europe en 1976, Houston Stackhouse revient à Helena, où il s’éteint à soixante-neuf ans le 23 septembre 1980. Trois albums, composés de titres gravés dans les années 1970, sortiront après sa mort : « Houston Stackhouse – 1910-1980 » (Wolf), « Big Road Blues » (Wolf) et « Cryin’ Won’t Help You » (Genes). Sans être comparable à celle des plus grands, l’influence de ce bluesman attachant fut réelle et il mérite l’écoute, comme par exemple sur son célèbre Cryin’ won’t help you.
* Dans le texte Wikipedia consacré à Stackhouse, il est écrit qu’il a travaillé sur une plantation (plant dans le texte anglais). C’est une erreur de traduction, il a bien travaillé à l’usine Chrysler, le mot plant ne se traduisant évidemment pas par plantation mais par usine…
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