© : Radio Canada.

Notamment connu pour sa maîtrise de la guitare 12-cordes, Lead Belly jouait aussi du piano, de la mandoline, de l’harmonica, du violon et de l’accordéon ! Côté style, il ne se cantonnait pas au seul blues, loin de là, et on peut l’associer au folk, à la country, au gospel, sans oublier qu’il fut aussi un pionnier des protest songs. Artiste éclectique dont la voix puissante aura également marqué l’histoire des musiques qui nous passionnent, il se distinguait aussi par un comportement belliqueux qui lui vaudra plusieurs séjours derrière les barreaux. Il est né Huddie William Ledbetter le 23 janvier 1888 (les années 1880, 1885 et 1889 circulent également) près de Mooringsport en Louisiane.

Avec sa femme Martha. © : Monovisions.

À quinze ans, en 1903, Lead Belly est déjà un chanteur et guitariste accompli qui semble vivre de sa musique. Il est très actif dans le quartier de St. Paul’s Bottoms à Shreveport, à une époque où les musiques dites « populaires » sont en plein développement. C’est assurément dans ce contexte qu’il puisera les multiples influences à partir desquelles il se forgera un répertoire très varié, unique dans l’histoire de la musique de son époque. Ses déboires avec la justice débutent en 1915. Arrêté pour port illégal d’arme, il est condamné à une peine sur un chain gang mais il s’évade. Trois ans plus tard, lors d’une bagarre pour une femme, il tue son adversaire, ce qui lui vaut d’être condamné à 35 ans d’emprisonnement. Il est toutefois libéré sur parole au bout de 7 ans, en 1925.

En 1949, peu avant son décès. © : The New York Times.


N’ayant jamais arrêté de jouer en prison, il recommence à se produire, mais en 1930, il est impliqué dans une nouvelle rixe durant laquelle il est à deux doigts d’envoyer un homme ad patres. Ce qui le mène tout droit en prison ! En 1933 et 1934, les musicologues John et Alan Lomax l’enregistrent substantiellement pour la Librairie du Congrès. Convaincus de son potentiel, ils obtiennent sa libération, et en 1935, Lead Belly réalise ses premières faces commerciales. Mais Lead Belly est incorrigible. Il se brouille avec John Lomax, et en 1939, une agression à New York le conduit pour la énième fois en prison. Il faudra cette fois l’intervention d’Alan Lomax pour l’en sortir. Lead Belly, qui n’ira plus en prison, peut enfin mener une carrière musicale normale, et en 1949, lors d’une tournée européenne, il devient le premier bluesmen à jouer en France. Il décède quelques semaines plus tard, le 6 décembre 1949 à New York, à l’âge de soixante et un ans. Malgré ses frasques, Lead Belly nous laisse une œuvre artistique de tout premier ordre. Écoutons-le en 1942 avec sa chanson Mr. Hitler, une protest song qui dit bien ce que son titre suggère…