Winny Kaona. © : Gérard Lator.

Depuis début décembre, je rediffuse sur ce site les dix épisodes de la série réalisée par Miguel Octave, « La fabuleuse histoire de la musique guadeloupéenne », une production Zycopolis avec France Télévisions. Voici maintenant le neuvième épisode, intitulé « Les musiques de charme », qui se réfère en premier lieu au boléro, au slow, au tango et à la valse. La narrateur débute par une question à double entrée : « Est-ce là une stratégie de séduction toujours vivace entre hommes et femmes, ou sommes-nous fondamentalement des romantiques inavoués ? » Difficile de répondre à cette question pour les intervenants, mais tous conviennent que les Guadeloupéens sont romantiques, tendres, que ce sont des gens qui aiment. Dès lors, on ne s’étonnera pas de retrouver ce trait de caractère dans leur musique.

Cécilia Larney : © : Twitter.

D’autres intervenants, qui sont musiciens, ont évidemment une idée précise du sujet. Eddy Gustave, quand il joue ce type de chansons, évoque un sentiment de tendresse tellement profond que les musiciens eux-mêmes en sont empreints. Le batteur Alex Papal explique qu’il a appris à danser avec sa mère dès qu’il a su marcher, et quand il interprète de telles chansons, il pense à sa mère mais aussi aux surprises-parties dans lesquelles on attendait le quart d’heure de charme. Pierre-Édouard Décimus a une belle formule : « Le Guadeloupéen n’est pas un sentimental qui s’ignore, il a toujours aimé les boléros. » Pour Max Séverin, plus que l’ambiance harmonique, ce sont les mots qui comptent, ils sont à l’origine de la poésie présente dans les boléros.

Patrick Saint-Éloi. © : Lebanco.

L’épisode avançant, on approfondit le sujet et le propos se diversifie pour aborder d’autres aspects. Selon la journaliste et auteure Cécilia Larney, « ce genre de musique est en quelque sorte le porte-voix des hommes guadeloupéens, car on peut considérer que c’est une marque de faiblesse de dévoiler ses sentiments, et dès lors c’est mieux si ce sont les chanteurs qui le disent. » La chanteuse Winny Kaona s’arrête sur la biguine pour préciser qu’elle raconte des histoires de faits sociaux, mais surtout des histoires d’amour. L’artiste Rudy Benjamin et l’archiviste et historien musical Philippe Pilotin reviennent sur le manque d’amour qui remonte à l’époque de l’esclavage. Ce volet s’achève sur une évocation du zouk love avec l’inventeur du terme, Freddy Marshall, et du premier « roi » du genre, Patrick Saint-Éloi. Cet épisode laisse plus de place que les autres aux extraits musicaux, peut-être effectivement la meilleure façon de faire passer le message du romantisme… Comme d’habitude, à voir à cette adresse.