© : Classic Cinemas.

Assister à un concert de Tail Dragger ne s’oublie pas. Avec son énorme voix caverneuse qui lui vaut d’être souvent comparé à Howlin’ Wolf, il se comporte partout où il passe comme s’il se trouvait dans un petit club du Mississippi ou de Chicago, habité et toujours en quête du contact avec le public. Un homme simple, sympathique, avec un cigare toujours vissé aux lèvres (ou une pipe !) et qui accepte de bonne grâce nos interviews, comme ce fut le cas en 2012 en préambule de son concert au festival Jazz à Vaulx (Vaulx-en-Velin). Aujourd’hui âgé de quatre-vingt-deux ans, il fait l’objet d’un documentaire réalisé par Kevin Mukherji, intitulé Tail Dragger  – Journey of a Bluesman, et qui sera projeté demain 5 novembre 2022 au Lake Theatre à Oak Park en banlieue ouest de Chicago. Voici la bande-annonce.

© : Tail Dragger / Facebook.

Né James Yancey Jones le 30 septembre 1940  à Altheimer, Arkansas, il grandit dans une ferme, élevé par ses grands-parents, il écoute du blues à la radio puis voit Sonny Boy Williamson et Boyd Gilmore. Il songe réellement à se consacrer à la musique quand il s’installe à Chicago en 1966, où il rencontre peu après son mentor Howlin’ Wolf qui le surnomme Tail Dragger (à peu près « celui qui traîne en arrière ») car il vient souvent en retard à ses concerts. Au début des années 1970, il délaisse son job de mécanicien et devient chanteur à plein temps, accompagnant Willie Kent, Hubert Sumlin, Carey Bell, Little Mack Simmons, Big Leon Brooks, Eddie Shaw… Mais il n’enregistre pas sinon quelques singles à la diffusion intimiste, et sa carrière connaît un arrêt brutal le 11 juillet 1993, quand il abat Bennie Joe « Boston Blackie » Houston suite à un différend financier. Il plaide la légitime défense mais purge quand même une peine de dix-sept mois de prison. Il reprend toutefois sa carrière à sa sortie, et sa réputation grandit car on s’aperçoit qu’il fait partie des derniers artistes nourris au blues de Chicago des années 1950. Une carrière internationale l’attend, ponctuée de 1996 à 2012, de quatre albums très recommandables (« American People », sorti en 1999 chez Delmark, le « lance » vraiment).

 

Au Majestic Lounge en 1979. © : André Hobus / Bitten by the Blues.

 

© : Jazz Terrassa.

 

Chez lui à Chicago en 2020. © : Ted Slowik / Daily Southtown / Chicago Tribune.

 

© : Delmark Records.