© : Tixa.

Comme l’année dernière, je vous propose une rubrique hebdomadaire consacrée aux disques qui ont selon moi marqué 2022. Pour débuter la série, je vous propose l’album « Live Acoustic Session » (Hunnia Records) de Little G. Weevil. Après une parenthèse d’une quinzaine d’années aux États-Unis, le chanteur et guitariste hongrois est rentré au pays. Il n’a rien perdu de ses talents et son disque entièrement acoustique, réalisé en une journée, est magistral. Je vous propose maintenant de lire ma chronique tirée du numéro 246 de Soul Bag.

© : Discogs.

LITTLE G. WEEVIL
LIVE ACOUSTIC SESSION
BLUES TRADITIONNEL
Natif de Budapest en Hongrie, Gabor Szucs aka Little G. Weevil avait marqué les esprits dès 2012 avec son album « The Teaser », couronné du « Pied » dans Soul Bag n° 207. Fin 2018, après une quinzaine d’années passées aux États-Unis (à Birmingham, Alabama, et à Memphis, Tennessee), Little G. a retrouvé sa terre natale pour des raisons familiales. Tout en emportant dans ses valises le meilleur du blues. Ce disque est un pari. Little G. est seul avec sa voix et sa guitare acoustique. Il a enregistré 17 chansons dans les conditions du live pour une durée totale d’une heure et vingt-deux minutes, soit le temps d’un concert. De quoi générer l’ennui ? Que nenni ! Avec sa voix très personnelle, un peu « mâchouillante » mais expressive et pénétrante, sa guitare heurtée et déroutante – mais complexe –, ses textes ciselés qui évoquent aussi bien le blues des années 1920 que celui du XXIe siècle (Braggin’ sur les réseaux sociaux, Fastest man sur l’imposture Lance Armstrong), son pied qui martèle le sol, il installe un climat unique qui porte, transporte. On ne décroche jamais, et titre après titre, on se demande quelle surprise il va nous réserver. C’est toujours obsédant, lancinant, qu’il s’agisse de Country blues typé Memphis (Real men don’t dance, When the king was told, l’amusant Sasha said, l’autobiographique Daddy’s story, Casey Jones, On my way to Memphis, Back porch), de Delta blues (Early in the morning, les géniaux blues lents Apple picker et She used to call me sugar). Il y a du Robert Belfour (Keep going, Place a dollar in my hand), du John Lee Hooker (quelle relecture de Poor black Mattie, Going down South), un boogie enfiévré pour finir en apothéose (Roll and boogie). Quand il évolue dans ce registre, Little G. Weevil est tout simplement un des meilleurs bluesmen actuels. On attend le rappel.
© : Daniel Léon / Soul Bag.

Avec Dionne Bennett. © : Daily News Hungary.

 

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