© : Alligator Records.

Je poursuis ma série d’albums qui ont selon moi marqué l’année 2022. Même si nous sommes en 2023, une série qui comptera au final dix réalisations car il y avait de la matière de qualité en 2022 ! Pour ce numéro 8, je m’arrête sur le disque de Charlie Musselwhite sorti chez Alligator, « Mississippi Son ». Nous en avons déjà parlé ici (nos articles du 13 avril 2022 et du 7 mai 2022), mais cet album se distingue car il ne privilégie pas l’harmonica mais la guitare. Et c’est somme toute logique. Car si Musselwhite aura marqué l’histoire de l’harmonica blues, il est également très à l’aise guitare en mains, notamment à la slide. De retour dans son Mississippi natal, Musselwhite a sans doute choisi de s’exprimer ainsi pour mieux retrouver ses racines. En tout cas, le résultat est magistral et a déjà valu à l’album le grand prix blues & soul et un coup de cœur de l’académie Charles-Cros (notre article du 10 décembre 2022), ainsi qu’une nomination aux prochains Grammy Awards. Je vous invite maintenant à écouter deux extraits, Blues up the river et Remembering Big Joe, et à lire ci-dessous la chronique de Nicolas Deshayes publiée sur le site de Soul Bag.

© : Delta Magazine.

CHARLIE MUSSELWHITE
MISSISSIPPI SON
COUNTRY BLUES
Éternel Charlie Musselwhite  ! Revenu s’installer dans son Mississippi natal, il nous offre à 78 ans un album qui marque un véritable retour aux sources. Un album sur lequel, en parfait adepte du contre-pied qu’il est, outre son légendaire jeu d’harmonica, il donne à apprécier ses talents de guitariste puisqu’il joue de la six-cordes sur l’intégralité des titres.
Accompagnement minimaliste, jeu épuré à souhait, motifs et voix hypnotiques, variété des accordages, Musselwhite, qui a fait son apprentissage dans le Memphis des années 1950 au contact de Furry Lewis ou Will Shade, maîtrise à la perfection les codes du country blues. Aux côtés des reprises de Big Joe Williams (Crawling king snake), Charley Patton (Pea vine blues) ou John Lee Hooker (Hobo blues), ses propres compositions à forte teneur autobiographique ne déparent pas. Blues up the river, Stingaree ou Remembering Big Joe, formidable hommage à celui qui fut son ami et colocataire durant une partie de ses années à Chicago, sont assurément des temps forts de ces quatorze titres, évidemment enregistrés à Clarksdale, au cœur du Delta en une petite semaine, à peine.
Profondément habité par une musique qu’il vénère et incarne comme personne, il transforme en blues tout ce qui lui passe entre les mains, en témoignent ses relectures poignantes de Rank strangers popularisé par les Stanley Brothers et du The dark de Guy Clark. « Le blues, nous confie cet inlassable prêcheur dans Blues gave me a ride, dit la vérité dans un monde empli de mensonges. » Éternel Charlie Musselwhite, décidément  !
© : Nicolas Deshayes / Soul Bag.

 

© : Rory Doyle.

 

© : Soul Bag.