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Cela fait tout juste cent quinze ans que ce bluesman a vu le jour. Pionnier de l’harmonica, connu pour sa longue association avec Sleepy John Estes, il tient une place particulière dans l’histoire du blues, surtout du fait de la composition des formations dans lesquelles il évolua. Né le 22 janvier 1908 à Brownsville, Tennessee, il devient orphelin très jeune et grandit dans une famille d’accueil. Il apprend l’harmonica et commence à jouer localement. En 1920, alors qu’il a seulement douze ans, il est remarqué par le chanteur-guitariste Sleepy John Estes, de huit ans son aîné. Au début, la différence d’âge ne leur permet pas de se produire ensemble, mais ils se rapprochent progressivement, rejoints par un troisième larron, Yank Rachell, guitariste mais aussi adepte de la mandoline.

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Dans la seconde moitié des années 1920, le trio prend une dimension suffisante pour apparaître jusqu’à Memphis. En plein âge d’or des jug bands, tous trois s’expriment dans ce registre, la formation s’étoffant avec l’aide du pianiste Jab Jones. Nixon, qui joue aussi de la guitare, du kazoo et du jug, s’avère très novateur dans le domaine de l’harmonica. À l’instar d’un Will Shade du Memphis Jug Band, alors que l’instrument est avant tout utilisé par des solistes, il crée des lignes rythmiques originales qui s’intègrent dans un ensemble, les jug bands étant considérés comme les premiers groupes du blues. Les 6, 8 et 11 septembre 1934, Hammie Nixon grave toutefois ses premières faces au sein d’un autre groupe, celui du chanteur-guitariste Son Bonds, lui aussi originaire de la région de Brownsville.

Hammie Nixon, Sleepy John Estes et Yank Rachell. © : Michael Ochs / Getty Images.

Et dès l’année suivante, en juillet 1935, il retrouve Sleepy John Estes pour une collaboration sur disque (et une amitié) qui se poursuivra jusqu’à la mort d’Estes en 1977. Leurs apparitions sur disques se raréfient ensuite avec des séances en 1948. Mais Nixon et Estes font partie des redécouvertes majeures du Blues Revival et reviennent en studio en 1962 grâce au label Delmark avec l’album « The Legend of Sleepy John Estes ». Il continuera avec Estes jusqu’à la mort de ce dernier en 1977, mais aussi Yank Rachell, comme si le temps s’était arrêté depuis les années 1920… Bien qu’il ait peu enregistré sous son nom, contrairement à d’autres, l’œuvre novatrice de cet immense harmoniciste est généralement reconnue à sa juste valeur. Hammie Nixon nous a quittés le 17 août 1984 à soixante-seize ans.

Hammie Nixon, Yank Rachell et Sleepy John Estes.© : Alchetron.

Voici maintenant quelques chansons en écoute.
Weary worried blues le 6 septembre 1934, chanson issue des premières faces avec Son Bonds.
Drop down mama le 17 juillet 1935, avec le jeu très moderne de Nixon à l’harmonica et la voix poignante de Sleepy John Estes.
Trembling blues le 2 août 1937 avec Charlie Pickett.
Rats in my kichen le 4 juin 1962 avec la voix désormais » patinée mais formidablement poignante de Sleepy John Estes, sans parler des paroles…
Tappin’ that thing en 1984, avec du jug !