© : Louis Ramirez.

Harmoniciste, batteur, chanteur et parolier, Sam Myers apparaît essentiellement comme accompagnateur à partir des années 1950, avant de se faire un nom au sein du groupe d’Anson Funderburgh, aux côtés duquel sa grosse voix grave et son jeu d’harmonica font merveille. Né Samuel Joseph Myers le 19 février 1936 à Laurel, au sud-est du Mississippi, atteint de cataracte dès l’âge de sept ans, il devient virtuellement aveugle, ne pouvant guère que deviner les ombres et les formes. Cela ne l’empêche pas d’apprendre la trompette et la batterie à l’école à Jackson, puis l’harmonica. Il s’intéresse vraiment au blues quand il fait son premier séjour encore adolescent à Chicago en 1949. D’abord influencé par les maîtres de l’harmonica James Cotton et Little Walter, il poursuit ses études tout en se produisant le soir dans les clubs du South Side en grandissant.

© : LowDownSlim.

Vers 1952, il rencontre Elmore James, qu’il accompagne à la batterie sur scène, mais pas sur disque comme certaines sources le laissent croire. En revanche, en mai 1960, il joue bien de la batterie avec Elmore sur deux singles Fire (avec également Jimmy Spruill et Homesick James), puis de l’harmonica en août 1961, toujours chez Fire, sur le fameux Look on yonder wall. Entre-temps, Myers, qui ne vit pas à l’année à Chicago mais à Jackson, rejoint King Mose & the Royal Rockers en 1956, et écrit ce qui restera sa plus grande chanson (reprise par Eric Clapton et Robert Cray, entre autres), Sleeping in the ground. L’année suivante, sous le nom de Sammy Myers, il enregistre ce morceau et trois autres pour le label Ace, sur lesquels il chante et joue de l’harmonica. Il faut ensuite attendre 1960 pour qu’il grave deux nouvelles faces, You don’t have to go de Jimmy Reed et sa propre composition Sad, sad lonesome day.

© : Stefan Wirz.

Après la disparition d’Elmore James en 1963, Myers n’apparaît plus sur disque, mais il reste très actif autour de Jackson et dans le Sud sur le Chitlin’ Circuit, un réseau de clubs qui permet aux artistes noirs de s’exprimer dans une région très marquée par la ségrégation. À la fin des années 1970, il figure au sein du Mississippi Delta Blues Band au personnel changeant, mais avec lequel il réalise deux albums sous son nom, « Down Home in Mississippi » (1979) et « Mississippi Delta Blues » (1980). Ces deux disques, réalisés pour le petit label TJ Records de Thomas « Tom » Boyd, comme leurs titres le suggèrent, sont effectivement très ancrés dans le blues du Mississippi. Tous deux ont été enregistrés en public en 1978, le premier avec Tommy Lee Thompson, le second avec un groupe plus étoffé. En 1986, TJ Records sortira trois autres albums du groupe dont deux enregistrés en Californie en 1980, le troisième étant un best of. Quasi introuvables aujourd’hui, ces disques méritent toutefois d’être recherchés.

Le Mississippi Delta Blues Band à Milan, Italie, le 6 octobre 1981 : de gauche à droite, Craig Horton, Tom Boyd, inconnu, Tano Ro, Sam Myers et Big Bob Deance. © : Photo prise avec l’appareil de Tano Ro / Stefan Wirz.

La carrière de Myers prend alors un nouvel élan. En effet, il rencontre le Texan Anson Funderburgh, un excellent styliste de la guitare qui a déjà fait ses preuves au sein des Fabulous Thunderbirds puis avec son groupe les Rockets. En août 1985, les deux hommes sortent « Sam Myers – Anson Funderburgh: My Love Is Here To Stay » chez Black Top. Myers devient un membre permanent des Rockets avec lesquels il tourne abondamment et signe jusqu’en 2003 huit autres albums, tous d’un haut niveau uniforme. Enfin reconnu à sa juste valeur, ce beau bluesman sort surtout d’un relatif anonymat immérité. Peu après, en 2004, il est enfin l’auteur pour un label important (Electro-Fi) d’un disque complet sous son nom « Coming From the Old School », avec Mel Brown et Jack De Keyzer aux guitares, et sur lequel ressort son talent de parolier. Ce sera hélas son chant du cygne car on lui diagnostique un cancer de la gorge en février 2005. Après quelques ultimes prestations avec Anson Funderburgh et ses Rockets et une laryngectomie (ablation du larynx), Sam Myers s’éteint le 17 juillet 2006 à l’âge de soixante-dix ans.

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Voici maintenant notre sélection de chansons en écoute.
Sleeping in the ground en 1957 par Sammy Myers avec King Mose & the Royal Rockers.
Sad, sad lonesome day en 1960 par Sam Myers.
Look on yonder wall en 1961 par Elmore James avec Sam Myers à l’harmonica.
« Down Home in Mississippi » en 1979 par Sam Myers, album intégral.
« Mississippi Delta Blues » en 1980 par Sam Myers, album intégral.
Hep cats in big town en 1985 par Sam Myers et Anson Funderburgh.
Rent man blues en 1991 par Anson Funderburgh & The Rockets feat. Sam Myers (avec Carol Fran au chant).
I don’t want you cuttin‘ off your hair en 2004 par Anson Funderburgh & The Rockets feat. Sam Myers.
After hours when the joint is closed en 2004 par Sam Myers.

 

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