Martin Luther King à l’hôpital le 21 septembre 1958, le lendemain de l’attentat. © : John Lent / AP / The Atlantic.

Durant la décennie 1955-1965, plusieurs événements survenus dans une période particulièrement tendue de la lutte pour les droits civiques ont marqué ce pan de l’histoire des États-Unis. Les changements de l’époque se traduisent aussi dans le propos des artistes dans tous les domaines de la musique populaire, y compris afro-américaine. Car si la ségrégation empêcha au début les bluesmen d’évoquer la politique, sinon ponctuellement, l’émergence de nouveaux courants comme la soul music puis le funk va favoriser une nouvelle tendance, celle du Black Power. Après 1965, elle se démarquera de l’approche pacifiste des leaders des droits civiques, s’étendant d’ailleurs au gospel, et en schématisant, on pourrait la résumer en citant le titre de la chanson de James Brown Say it loud – I’m Black and I’m proud (1968). Avant cela, le 20 septembre 1958, Martin Luther King est victime d’une tentative d’assassinat. Nous vous proposons donc un article qui revient sur cet événement, puis une sélection de quinze chansons, certaines qui témoignent d’une nouvelle affirmation de l’identité noire dans les années qui suivent, et d’autres plus anciennes qui annoncent le mouvement.

© : Raptis Rare Books.

En 1958, Martin Luther King est déjà engagé depuis quelques années dans son combat pour les droits civiques, il a notamment joué un rôle clé trois ans plus tôt dans le boycott des bus de Montgomery, dans l’Alabama (affaire Rosa Parks). Et justement, toujours en 1958, il vient de publier chez Harper & Brothers son premier livre, Stride Toward Freedom: The Montgomery Story, qui raconte l’histoire dudit boycott. Le 20 septembre, il est présent chez Blumstein, un grand magasin situé à Harlem, pour une séance de dédicaces. Vers 15 h 30, une certaine Izola Curry s’approche, sort un coupe-papier et tente de poignarder King. Ce dernier se protège mais il est blessé à la main gauche et son agresseuse parvient à planter son arme dans sa poitrine. King est conscient et reste étonnamment calme en attendant les secours, pendant que la femme est maîtrisée par le personnel du magasin. Personne n’a retiré l’arme avant l’arrivée des secours, et c’est heureux car au moindre mouvement la lame aurait sectionné l’aorte de King. Celui-ci s’en sort donc bien même s’il doit subir une opération durant quatre heures et rester hospitalisé quelques semaines. Quant à Curry, qui est afro-américaine, atteinte de schizophrénie, elle est jugée mentalement irresponsable et échappe au procès.

L’arrestation d’Izola Curry. © : The Atlanta Journal-Constitution.

The bourgeois blues en 1936 Lead Belly. Une des premières protest songs
Strange fruit en 1939 par Billie Holiday. Très en avance, une chanson qui préfigure la lutte pour les droits civiques.
I heard what you said about me en 1939 par Allen Reid. Chanson enregistrée au Raiford Penitentiary, Floride, par un détenu qui se plaint d’une accusation injuste.
Another man done gone en 1940 par Vera Hall.
Black, brown and white en 1948 par Big Bill Broonzy.
Take this hammer en 1957 par Odetta.
Go tell it on the mountain en 1963 par Fannie Lou Hamer.
Mississippi goddam en 1964 Nina Simone.
A change is gonna come en 1964 par Sam Cooke.
Selma march en 1965 par Grant Green. Instrumental jazzy sur une des plus célèbres marches des droits civiques.
People get ready en 1965 par The Impressions avec Curtis Mayfield.
Alabama blues en 1965 par J.B. Lenoir.
The Motor City is burning en 1967 by John Lee Hooker.
Say it loud – I’m Black and I’m proud en 1968 par James Brown.
Is it because I’m Black en 1969 par Syl Johnson.

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