Auteur d’une quinzaine d’albums entre 1985 et 2006, Artie « Blues Boy » White fut un trait d’union important à Chicago entre le blues moderne et le courant soul blues qui continue aujourd’hui de nous donner des vocalistes de tout premier ordre. Artie White naît le 16 avril 1937 à Vicksburg (que j’évoque dans un récent article du 8 avril 2024), Mississippi. Orphelin à seulement trois ans, il débute comme bien des Afro-Américains de cette génération en chantant du gospel, tout d’abord avec les Harps of David dès l’âge de onze ans. Il s’installe ensuite à Chicago en 1956 où il poursuit dans le même style, cette fois avec les Full Gospel Wonders et les Sensational True Lights, tout en exerçant également le métier de chauffeur de poids lourd.
Mais inévitablement, sans doute dès le début des années 1960, White est aussi au contact du blues dans la Windy City et décide de s’orienter progressivement vers la musique séculière. Selon la légende, peu méfiant, il aurait été abusé par un personnage aisé dans une Cadillac rutilante qui lui aurait promis 10 000 dollars pour chanter du blues ! Quoi qu’il en soit, White, qui ne dédaigne pas non plus le R&B, commence à se produire dans les clubs de la ville, et à partir de la fin des années 1960, il parvient à sortir quelques singles pour des labels mineurs comme Gamma, PM et Al-Tee. Et c’est justement pour Al-Tee qu’il enregistre en 1976 ce qui restera son plus grand succès, une composition de Bob Jones intitulée (You are my) Leanin’ tree.
Parallèlement, White assure ses arrières en acquérant le Bootsy’s Show Lounge, puis il ouvrira au milieu des années 1980 le New Club Bootsy’s. Si de grands noms passent par ces clubs (James Wheeler, Johnnie Taylor, Albert King, O.V. Wright, Little Miton…), White contribue aussi au lancement de la carrière de Rico McFarland, qui disait de lui dans le numéro du 10 septembre 2020 de Blues Blast Magazine : « Artie était comme mon parrain. J’ai beaucoup joué par ici avec lui. » Sur le plan artistique, sa voix suave mais très expressive et pleine de profondeur (on pense forcément à Little Milton !) et ses arrangements cuivrés sont effectivement des ingrédients qui annoncent les spécialistes du soul blues de la génération suivante. White soigne également son apparence, sur scène comme sur les pochettes de ses disques, comme le rappelle Nicolas B. dans son hommage sur le site de Soul Bag le 29 avril 2013 : « L’artiste y apparaît dans diverses mises en scène et affiche tous les apparats du stand up singer, bagues à chaque doigt, costumes lamés et autres bijoux de pacotille. »
Son premier album sort en 1985 chez Ronn et se nomme « Blues Boy ». Et dès lors, l’artiste se fera appeler Artie « Blues Boy » White… Il convient de souligner que ce disque est excellent et reste parmi ses meilleurs. White réalise ensuite chez Ichiban à compter de 1987 six albums notables dont « Thangs Got to Change » (1989) avec son ami et mentor Little Milton, mais « Tired of Sneaking Around » (1990), « Dark End of the Street » (1991) et « Hit & Run » (1992) me semblent supérieurs. Durant les années 1990, White tourne en Europe et élargit son public. Entre 1994 et 1999, il sort chez Waldoxy, une filiale de Malaco, quatre autres albums dont l’excellent « Home Tonight » en 1997. Suivent alors quelques albums autoédités sur son propre label Achilltown. Mais à la fin des années 2000, ses problèmes de santé se multiplient : le diabète, une attaque cérébrale en 2011 et la maladie de Parkinson ont raison d’Artie « Blues Boy » White, qui s’éteint le 20 avril 2013 à soixante-seize ans.
Moins connu que d’autres chanteurs de soul blues qu’il a pourtant influencés, il nous laisse une œuvre significative, comme en attestent ces quelques chansons en écoute.
– Gimme some of yours (I’ll give you some of mine) en 1970.
– She’s the one en 1974.
– (You are my) Leanin’ tree en 1976.
– I need someone en 1985.
– I ain’t taking no prisoners en 1985.
– Not in the begging business en 1991.
– Live au Jacque Carter Show en 1997 ou 1998.
– Black cat scratchin’ en 1999.
– Live on Chic-A-Go-Go, fin des années 1990.
– Adorable one en 2002.
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